lundi 24 octobre 2016

Station Eleven

Station Eleven, par Emily St. John Mandel, Rivages, 480 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Dans un monde où la civilisation s’est effondrée suite à une pandémie foudroyante, une troupe d’acteurs et de musiciens nomadise entre de petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Un répertoire qui en est venu à représenter l’espoir et l’humanité au milieu de la désolation.
Le roman événement de la rentrée littéraire, finaliste du National Book Award aux Etats-Unis, qui fera date dans l'histoire de la littérature d'anticipation.

500 000 exemplaires vendus en Amérique du Nord, 150 000 dans les îles Britanniques.

« Profondément mélancolique, mais magnifiquement écrit, et merveilleusement élégiaque. » George R. R. Martin

 « Mandel est capable de faire ressentir l’intense émotion d’existences fauchées par une époque terrible. » The New York Times

Ma cote d'amour: *****Très enthousiaste

En quelques mots pour une amie: prenante et bien ficelée

samedi 22 octobre 2016

Lucie ou la vocation

Lucie ou la vocation, par Maëlle Guillaud, éditions Héloïse d'Ormesson, 199 pages

Lucie est amoureuse. Éperdument. Mais pour imposer celui qu’elle a choisi, elle va devoir se battre. Ne pas céder face aux larmes de sa mère, à l'incompréhension de sa grand-mère, et à la colère de Juliette, sa meilleure amie. Malgré les humiliations quotidiennes, les renoncements, l'isolement et l’ascèse. Elle résiste et rêve d'absolu. Un jour pourtant, le sacrifice qu'elle a durement payé est violemment ébranlé par la découverte d’un secret. S'est-elle fourvoyée ou est-elle victime d’une manipulation?

Avec une sensibilité et une justesse infinie, L. ou la vocation nous entraîne dans les coulisses d'un monde fermé, soumis aux règles impénétrables d’une congrégation vouée au divin. Subtilement le roman dévoile ce processus d’abnégation jusqu’à ce que le doute s’immisce. Une histoire en étroite résonance avec nos problématiques sociétales, et qui permet peut-être de saisir avec plus d'acuité la violence que le sacrifice impose et surtout sa puissance à tout exiger de vous. Née en 1974, Maëlle Guillaud est éditrice. L. ou la vocation est son premier roman.

La première page, sur le site de l'éditeur:

La ville pullule de touristes aux tenues criardes et au regard de bête traquée. C’est à ça qu’on les reconnaît, à cette étrange crainte qui les habite, loin de leurs bases, se dit Lucie. La jeune femme gravit les marches d’un pas léger. Elle emprunte la ruelle qui contourne la basilique. Au bout, une grille s’ouvre sur une cour pavée nimbée de lumière. Depuis plusieurs mois, elle vient ici en secret avec Mathilde. Son amie est différente des autres élèves de la khâgne. Elle a tout vu, tout vécu, même la rue. Et à dix-neuf ans à peine, elle a étudié la théologie. Mathilde se glisse dans d’autres sphères, quand Lucie cherche encore quel sens donner à sa vie. Longtemps, elle a rêvé de passion fusionnelle et de brillante carrière, comme celle de son père. Depuis peu, elle n’a que des doutes. Lucie pousse la porte. Ici, elle est à l’abri du bruit et de la poussière de la rue. Ici, l’amour l’enivre, même si elle ignore les effets de l’ivresse. Elle est portée par une force plus grande qu’elle, douce et enveloppante. Quand elle en a parlé à Mathilde, cette dernière a souri. Il suffit, d’après Mathilde, d’accepter que cette vague d’amour vous submerge. Lucie aperçoit son amie, les cheveux bruns tirés en queue-de-cheval serrée, qui est assise un peu plus loin. Elle la rejoint et lui serre discrètement le bras en saluant d’un sourire les femmes qui l’entourent. Toutes ferment les yeux. Autour d’elle, tout n’est qu’amour. À cet instant, elle est sereine.

Ma cote d'amour: ***** J'aime
En un mot pour une amie: glaçant/grinçant

samedi 15 octobre 2016

Un dangereux plaisir

Un dangereux plaisir, par François Vallejo, Viviane Hamy, 320 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

À l’origine d’un roman, il y a toujours pour moi un croisement secret entre quelques détails de ma vie la plus intime, le goût du mythe le plus universel et la traversée du temps historique. Pour Un dangereux plaisir, où l’on mange et cuisine à tout va, l’affaire personnelle touche à l’enfance : j’ai été un de ces enfants pour qui la nourriture a longtemps été problématique ; une tarte aux fraises surgie dans la main d’une inconnue me révèle le plaisir de dévorer : la scène fondatrice se retrouve dans le livre, elle est vraie. Plus tard, une tante m’initie à l’art du fumet de poisson et fait de moi un amateur de préparations culinaires à la fois ordonnées et fantaisistesFrançois Vallejo
En dépit de la nourriture que ses parents lui imposent et qu’il rejette avec constance, Élie Élian s’attarde à l’arrière du restaurant qui s’est ouvert dans son quartier. Les gestes qu’il observe, les effluves dont il se délecte sont une révélation : il sera chef-cuisinier. Son passage dans l’établissement de la veuve Maudor sera déterminant. Elle l’initie à l’amour fou et lui offre d’exercer son incroyable génie culinaire. Puis ses errances dans un Paris en proie aux émeutes le mèneront jusqu’au Trapèze, le restaurant où son destin de magicien des sens, des goûts et des saveurs s’accomplira.
Après Ouest – finaliste du Goncourt 2006, et lauréat du prix du Livre Inter 2007 –, Métamorphoses etFleur et Sang, l’écrivain continue, comme son personnage, à attraper la vie qui passe, « mais avec délicatesse », et à se réinventer en toute originalité.

Ma cote d'amour: ***** J'aime
En un mot pour une amie: écriture délicieuse

jeudi 13 octobre 2016

One lovely blog award

Pour répondre à l'invitation de Marie-Claude du blog Hop! Sous la couette, blog que je suis assidûment chaque jour, et qui me réjouit de ses trouvailles littéraires Outre-Atlantique, voici un post qui détonne dans ce blog utilisé habituellement comme répertoire de mes lectures.
De quoi s'agit-il?
De ça:
Les règles: 
1) Dire merci à celle qui nous passe le relais! (Oh, mais c'est dans mon livre sur la politesse, ça; je ne l'aurais oublié pour rien au monde!!!) Merci qui? Merci Marie-Claude!!!
2) Énoncer les règles. (Qui a déjà monté un meuble suédois comprend à quoi servent les règles... )
3) Apposer l’illustration de l'award. (Voir plus haut.)
4) Ecrire 7 faits sur mwouah, de façon très libre. (Oi, pourvu que je ne m'emmêle pas les pinceaux... Bon ben là, c'est pas gagné!)
5) Passer le relais. (Ah, ah, ça fait moins rire, d'un coup!)

Je me lance ----->
1. Plus jeune, je voulais être Marguerite Duras. Folie des grandeurs ? Non, naïveté sans fond ! J'avais 16 ans et je venais de lire L'amant. Une révélation. Pour moi, rien ne pouvait surpasser ce chef-d'oeuvre. J'avais l'impression d'avoir lu la vérité, d'avoir enfin compris quelque chose à la vie. En dehors de cette voie, point de salut! Il fallait donc faire du Marguerite Duras!!! CQFD.
2. J'ai étudié à l'université de Berlin le commerce international, une période de ma vie que j'ai adorée, car j'ai connu la chute du mur et la réunification. Là, c'est moi qui casse le mur!!!
3. Ma première voiture était une coccinelle de 1961 bleu ciel, achetée en plein hiver à Berlin. Pas de désembuage, pas de jauge à essence, rien. Au secours! Mais je suis toujours là pour en parler. ;-)
4. Quand j'ai reçu mon premier appel d'éditeur, c'était pour Une chose incroyable, exceptionnelle, extraordinaire. L'éditeur en question se nommait Paul Fustier et était à la tête de l'éditorial de Circonflexe. Il était 13h20; mes filles et moi nous apprêtions à nous rendre à l'école. Elles étaient fin prêtes, sur le seuil de notre maison, me pressant de mettre fin à la conversation. Mais moi, je n'osais pas: j'étais à la fois tétanisée et excitée comme une puce!!! Quand j'ai enfin raccroché, inutile de dire que tout le quartier a été au courant tant j'exultais - et que la grille de l'école était fermée depuis un bon quart d'heure!
5. J'ai commencé très doucement, à pas comptés, dans le monde de l'édition jeunesse. Un album par an, je trouvais que c'était déjà pas mal. J'attendais qu'une bonne idée me visite. Je pouvais donc attendre longtemps!
6. J'ai longtemps eu un sentiment d'illégitimité - je n'avais pas fait les bonnes études!!! Et puis tout a basculé à la suite de deux événements: un grave accident domestique il y a 5 ans - j'ai dévalé mes escaliers, enfoncement thoracique et traumatisme crânien. L'immobilité forcée m'a donné le temps de réfléchir à ce que je voulais devenir. Puis la rencontre avec Anne Loyer et Ingrid Chabbert lors d'un salon. Toutes deux auteurs jeunesse, elles m'ont ouvert les yeux sur les possibilités du métier, et je me suis mise au travail avec plus de rigueur et d'enthousiasme.
7. Je rêve d'écrire un roman fantastique... Mais je n'ai pas encore trouvé le temps! 

Et comme je suis une petite curieuse, je passe le relais à:

Sentez-vous libres de répondre ou pas! Je vous aimerai pareil dans les deux cas. :-)

Paradis noirs

Paradis noirs, par Pierre Jourde, Folio, 288 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Cette silhouette fantomatique, aperçue sur le quai d'une gare, est-ce bien celle de François, l'ami de jeunesse rencontré dans une école religieuse de Clermont et disparu depuis vingt ans? À partir de cette vision fugitive, la mémoire se met en marche. Qui était véritablement François? Les souvenirs de l'enfance et de l'adolescence affluent, dessinant une personnalité déchirée, contradictoire, fascinante. Était-il ce garçon cruel, machiavélique, qui a poussé ses camarades à commettre un acte dont la barbarie les hante encore? Était-il cet enfant solitaire élevé par une aïeule paysanne dans une maison noire dont les images l'obsèdent? Paradis noirs est un roman sur le poids de la mémoire et de la culpabilité, sur les inguérissables blessures de l'enfance.

Ma cote d'amour: ***** Bibliothèque idéale
En un mot pour une amie: Poignant

samedi 8 octobre 2016

Éclipses japonaises

Éclipses japonaises, par Eric Faye, Seuil, 240 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

En 1966, un GI américain s'évapore lors d’une patrouille dans la zone démilitarisée, entre les deux Corées.
À la fin des années 1970, sur les côtes japonaises, des hommes et des femmes, de tous âges et de tous milieux, se volatilisent. Parmi eux, une collégienne qui rentrait de son cours de badminton, un archéologue qui s'apprêtait à poster sa thèse, une future infirmière qui voulait s'acheter une glace. « Cachés par les dieux », ainsi qualifie-t-on en japonais ces disparus qui ne laissent aucune trace, pas un indice, et qui mettent en échec les enquêteurs.
En 1987, le vol 858 de la Korean Air explose en plein vol. Une des terroristes, descendue de l'avion lors d'une escale, est arrêtée. Elle s'exprime dans un japonais parfait. Pourtant, la police finit par identifier une espionne venue tout droit de Corée du Nord.
Longtemps plus tard, le lien entre ces affaires remontera à la surface, les résolvant du même coup. Par la grâce de la fiction, Éric Faye saisit l'imaginaire et la vie secrète de ces destins dévorés par un pays impénétrable et un régime ultra autoritaire.
Né en 1963, Éric Faye est l'auteur de romans, récits de voyages, essais et nouvelles. En 2010, il reçoit le Grand Prix du roman de l'Académie française pour Nagasaki, traduit dans une vingtaine de langues. En 2012, il est lauréat de la Villa Kujoyama à Ky?to, une expérience transcrite dans un journal, Malgré Fukushima.

Ma cote d'amour: ***** Très enthousiaste
En un mot pour une amie: hallucinant

lundi 3 octobre 2016

Sang-de-lune

Sang-de-lune, par Charlotte Bousquet, Gluf Stream éditeur, collection Electrogène, 312 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:
Gia vit dans la peur. Celle des hommes mais aussi celle d’être déclarée souillée par les Ténèbres et risquer la lapidation.

Mais c’est la crainte de voir sa soeur bannie ou pire condamnée qui va la pousser à fuir avec elle dans l’espoir d’échapper à cette vie de femme totalement soumise, sans droit ni liberté.

La crainte de croiser la horde connue pour sa violence ou encore les noctes, ces êtres rejetés dans les bas fonds à l’extérieur de la cité, ne suffisent plus à la maintenir sous une pression dont le seul échappatoire semble être la mort.

Mais la liberté est-elle facile à conquérir après tant d’années de réclusion et d’oppression ?

Un excellent roman qui met en scène une société où les femmes sont réduites à des objets impures et jetables qui n’est pas sans évoquer celle prônée par les islamistes.

Mais au-delà de cette dimension d’actualité, l’auteur élargit notre réflexion à celle des libertés. L’éducation semble au centre de sa vigilance avec la question du rôle central des familles et de la mère.

La seconde partie du récit nous lance dans l’aventure et la survie, à la recherche d’un dernier espoir. Mais est-il encore possible de briser les chaînes  ?


Ma cote d'amour:  ***** J'aime