jeudi 2 juillet 2020

Le détour

 Luce d'Eramo, Le tripode, 419 pages

Présentation de l'éditeur:

"Peut-être un chef-d'œuvre absolu" selon Goliarda Sapienza, un nouveau classique à ranger aux côtés des livres de Charlotte Delbo et de Ruth Klüger.
Le destin stupéfiant d'une adolescente idéaliste faisant volontairement l'expérience des camps nazis.
Publié pour la première fois en 1979, Le Détour est le fruit de vingt-cinq années d'écriture. Il relate le parcours de Luce d'Eramo qui, élevée dans une famille de dignitaires fascistes, partit de son propre chef en Allemagne en 1944 pour intégrer un Lager, un camp de travail nazi. S'il demeure méconnu en France, Le Détour rencontra immédiatement en Italie un immense succès et connaît depuis quelques années une nouvelle vague de traductions dans le monde entier. La force et l'acuité de ce texte – qui traque aussi sans complaisance les travestissements de la mémoire – le rattachent de fait aux plus grands témoignages de femmes sur l'expérience des camps, tels ceux de Charlotte Delbo et de Ruth Klüger.
Nous devons la découverte de ce livre à ce passage des Carnets de Goliarda Sapienza : " Fini de lire Le Détour de Luce d'Eramo, assurément le plus beau livre de ces dix dernières années et peut-être un chef-d'œuvre absolu ; cela m'obligera à relire Si c'est un homme et Le Dernier des Justes, pour vérifier ce que je soupçonne. C'est-à-dire que le livre de Luce est le plus actuel sur ce sujet, le plus durement approfondi dans la démonstration de l'aventure nazie, le plus polémique et courageux. "
L'originalité du Détour tient de fait à ce que vécut Luce d'Eramo durant la Deuxième Guerre mondiale mais aussi au difficile processus de remémoration dans lequel elle s'engagea par la suite, et dont le livre témoigne. Les textes qui composent ce récit ont été écrits successivement en 1953, 1954, 1961, 1975 et 1977. Ils sont présentés dans l'ordre chronologique de leur rédaction, et non dans celui des événements qu'ils décrivent. La confusion qui en découle parfois répond à celle que connut Luce d'Eramo, aux esquives de sa mémoire et aux détours qu'elle emprunta avant de retrouver la cohérence de son histoire.
À sa publication en Italie, en 1979, le livre rencontra des centaines de milliers de lecteurs. En se plongeant dans ce texte, il revient au lecteur francophone de vivre à son tour – au-delà de l'histoire stupéfiante d'une adolescente idéaliste faisant volontairement l'expérience des camps nazis – l'expérience d'une femme en quête de sa vérité.



Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️
Commentaire spontané: 
Ecrites à des années d'écart, les différentes parties de ce long témoignage n'ont pas résonné en moi de la même façon. Ainsi, j'ai lu comme sous hypnose Sous les pierres et Arrivée dans le Troisième Reich, qui sont les deux parties centrales. En revanche, la première partie (Evasion des lager) a mobilisé toutes mes connaissances de l'univers concentrationnaire et de la mécanique nazie, car de nombreux points sont passés sous silence. L'auteure ne nous tient pas la main pour nous expliquer de quoi il retourne, c'est le moins que l'on puisse dire. Tout est haché, on a l'impression de sauter du coq à l'âne. En tant que lectrice, je me suis sentie comme une boule de flipper: bousculée et désorientée. L'auteure, qui a expérimenté dans sa chair cette désorientation, en rend-elle compte dans son écriture, même inconsciemment? Si l'on en croit la dernière partie, La distorsion, il semble judicieux d'envisager les choses ainsi. Concernant La distorsion, si j'y ai trouvé matière à bien des réflexions passionnantes (notamment sur la sélection inconsciente des souvenirs - mettre en lumière tel souvenir, délaissant tout autre peu flatteur dans les limbes de la mémoire), j'avoue que c'est celle qui m'a le moins séduite.
De manière générale, ce témoignage est exceptionnel, tant par le fond que par la forme inédite qu'il a pris.

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