mardi 25 septembre 2018

Le Nord du monde

Le Nord du monde, Nathalie Yot, éditions La contre allée, 152 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

« Elle fuit. Elle fuit l’homme chien. Elle trotte comme un poulain pour qu’il ne la rattrape pas, aussi pour fabriquer la peinture des fresques du dedans. Elle voudrait la folie mais elle ne vient pas. Toucher le mur du fond, le Nord du Monde, se cramer dans la lumière, le jour, la nuit, effacer, crier et ne plus se reconnaître. Sur la route, il y a Monsieur Pierre, il y a la Flaish, il y a les habitants des parcs, il y a Andrée, il y a les Polonais, Elan, Vince et Piort, et aussi Rommetweit, les Allemands, les Denant. Il y a Isaac, neuf ans environ. Et il y a les limites. »Nathalie Yot, à propos de Le Nord du Monde

Ma cote d'amour: **** En demi-teinte
Commentaire spontané: Une écriture de l'urgence. Plusieurs passages chocs. Mais une fin à laquelle je n'accroche pas du tout.

jeudi 20 septembre 2018

J'ai couru vers le Nil

J'ai couru vers le Nil, Alla el Aswany, Actes Sud, 432 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Le Caire, 2011. Alors que la mobilisation populaire est à son comble sur la place Tahrir, Asma et Mazen, qui se sont connus dans une réunion politique, vivent leurs premiers instants en amoureux au sein d’une foule immense. Il y a là Khaled et Dania, étudiants en médecine, occupés à soigner les blessés de la manifestation. Lui est le fi ls d’un simple chauffeur, elle est la fille du général Alouani, chef de la Sécurité d’État, qui a des yeux partout, notamment sur eux. Il y a là Achraf, grand bourgeois copte, acteur cantonné aux seconds rôles, dont l’amertume n’est dissipée que par ses moments de passion avec Akram, sa domestique. Achraf dont les fenêtres donnent sur la place Tahrir et qui, à la suite d’une rencontre inattendue avec Asma, a été gagné par la ferveur révolutionnaire. Un peu plus loin, il y a Issam, ancien communiste désabusé, victime de l’ambition de sa femme, Nourhane, présentatrice télé, prête à tout pour gravir les échelons et s’ériger en icône musulmane, qu’il s’agisse de mode ou de mœurs sexuelles.
Chacun incarne une facette de cette révolution qui marque un point de rupture, dans leur destinée et dans celle de leur pays. Espoir, désir, hypocrisie, répression, El Aswany assemble ici les pièces de l’histoire égyptienne récente, frappée au coin de la dictature, et convoque le souffle d’une révolution qui est aussi la sienne. À ce jour, ce roman est interdit de publication en Égypte.

Ma cote d'amour: ***** Bibliothèque idéale
Commentaire spontané: Puissant. A lire absolument!

mardi 11 septembre 2018

Hôtel Waldheim

Hôtel Waldheim, François Vallejo, Viviane Hamy, 304 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

En lice pour le Prix Goncourt 2018 

À l’entendre, j’étais très fort, à seize ans, pour tout effacer, et ça continue. Pourtant, à force de déblatérer sans réfléchir, j’ai commencé à lui prouver et à me prouver que je me suis fourré dans de drôles de situations. Si quelqu’un m’avait dit hier : tu t’es comporté comme le pire voyeur, pour surprendre un couple dans son lit, je ne l’aurais pas cru. C’est revenu tout seul, devant cette fille dans son fauteuil. Je sentais son souffle sur ma peau, incroyable ce qu’elle m’insuffle. Presque malgré moi, j’ai reconstitué la scène oubliée. Et d’autres. Elle va finir par me convaincre que je lui cache quelque chose. Que je me cache quelque chose ? Comme l’impression de rencontrer un inconnu qui s’appellerait Jeff Valdera. Et dans le genre inconnu, elle se pose là aussi, avec ses questions insistantes… 

Lors de ses séjours avec sa tante à Davos, à l’hôtel Waldheim, l’adolescent Jeff Valdera n’aurait-il été qu’un pion sur un échiquier où s’affrontaient l’Est et l’Ouest au temps de la guerre froide ? 

Inventer sa mémoire ou inventer sa vie ? C’est la question à laquelle tente de répondre François Vallejo avec Hôtel Waldheim, son roman le plus intime. Mais n’est-ce pas cette même quête qui traverse son œuvre depuis vingt ans, que ce soit dans Madame Angeloso (prix France Télévisions), Ouest (prix du Livre Inter) ou encore Un dangereux plaisir ? 

Ce livre a été sélectionné par France culture parmi les romans de la Rentrée littéraire 2018 : 
« Tous ceux qui aiment les romans à tiroirs, l’espionnage, l’univers de Thomas Mann, les montagnes là-haut des sanatoriums de Davos, les histoires de transfuges de la RDA… C’est un très bon livre. » Sandrine Treiner 


Ma cote d'amour: ***** J'aime
Commentaire spontané: Au départ, le narrateur ne semblait pas avoir de souvenirs très précis de l'hôtel Waldheim, et soudain, il se met à retracer tout au long de ces  300 pages ses rencontres dans cet établissement, dialogues à l'appui! Cet écart m'a gênée. En dehors de ça, très bon roman sur les souvenirs et le décalage entre souvenirs et réalité.

lundi 10 septembre 2018

Le complexe d'Hoffman

Le complexe d'Hoffman, Colas Gutman, éditions de l'Olivier, 224 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

« Le petit Hoffman, il vous dira rien de sa maman. Il dit qu’elle est morte mais quand tu vas chez elle, tu vois bien qu’elle est vivante. Il m’a choisi pour me raconter son histoire. Elle n’est franchement pas triste. Je suis Lakhdar CM1, et certains disent que je suis dix-lexique.
Le petit Hoffman, il a reçu une lettre dans son école. Des lois anti-alsaciennes, qu’il n’a pas le droit de faire du sport, d’aller au square ou même aux toilettes. Le petit Hoffman, quand il chasse pas les nazis de son école ou qu’il fait l’assistant respiratoire pour sa maman dépressionnaire, il écrit un livre : 83 ans. C’est l’histoire d’un type qui ne peut pas mourir avant cet âge fatal, mais ce n’est pas du tout une histoire pour enfants, parce que de l’enfance, Simon Hoffman, il n’en a jamais eu. »
Burlesque, émouvant, et parfaitement irrespectueux, Le complexe d’Hoffman décrit un monde où la bonté est rare et la sécurité absente.

Ma cote d'amour: ***** Abandon
Commentaire spontané: Des dialogues trop embrouillés pour moi.

vendredi 7 septembre 2018

Le roman égyptien

Le roman égyptien, Orly Castel-Bloom, Actes Sud, 208 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Autoportrait avec famille, Le Roman égyptien rejoue comme aux dés les pérégrinations des Castil, originaires d’Égypte et auparavant d’Espagne, et encore avant, de la sortie biblique d’Égypte. Sauf que les ancêtres bibliques d’Orly Castel-Bloom ne sortent pas d’Égypte : ils y restent et forment une tribu sauvage, autochtone, qui oublie son judaïsme. Quant aux Castil d’Espagne, ils restent eux aussi sur place et se convertissent pour échapper à l’Inquisition, leur fille devenant même porchère pour donner le change. Plus tard, la famille quitte l’Égypte avec un mouvement de jeunesse sioniste ouvrier et rejoint un kibboutz en Israël, dont elle sera expulsée aussi pour excès de jusqu’au-boutisme stalinien…
À l’issue de ces trois expulsions historiques dont elle est le fruit, la narratrice n’a pas de nom, pas d’identité, elle est l’aînée, “la grande fille”, “la grande”, en quête permanente d’une place dans le monde.
La romancière explose ici la narration classique façon puzzle, pour mieux dire les éparpillements de l’âme et le poids de l’hérédité. Entre montagnes russes et kaléidoscope d’images et d’émotions, le roman – comme la famille – fait rhizome : les souvenirs qu’on se transmet sous forme d’histoires confinant au légendaire deviennent le limon d’un roman familial aussi constitutif que destructeur et c’est dans ce corps à corps acharné avec un passé lourd de blessures mais traversé d’éclats de rire qu’Orly Castel-Bloom déchaîne une singularité radicale aux résonances universelles.

Ma cote d'amour: ***** J'aime
Commentaire spontané: Une lecture très plaisante. Une belle découverte.

mercredi 5 septembre 2018

La fonte des glaces

La fonte des glaces, Joël Baqué, P.O.L, 288 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Louis, un retraité taciturne, ancien charcutier, veuf à la vie tranquille et ordonnée,  devient malgré lui une icône planétaire de l’écologie au terme d’un parcours commencé dans une brocante – où il découvre un manchot empereur pour lequel il va éprouver un irrésistible coup de foudre – qui se poursuit en Antarctique, puis dans le grand Nord et se termine dans le port de Toulon où Louis, juché sur un iceberg transporté là à grands frais par un fabricant de boissons à base de glace polaire fondue, devient un plaidoyer vivant, et contradictoire, contre la fonte de la banquise.
Dans ce roman, la fonte des glaces est celle de la banquise, comme on l’a vu, mais aussi celle d’un homme dont l’existence, jusqu’alors gelée, sans but, reprend son cours, un cours imprévisible, aventureux et mouvementé, drôle, mais grâce auquel sont aussi posées des questions importantes. Il est encore, ce roman, celui de l’épanouissement du grand talent de Joël Baqué, d’une écriture à la fois évidente, simple et riche, pleine de trouvailles. Il est aussi celui d’une imagination parfois joliment délirante, pleine d’humour et généreuse.

Ma cote d'amour: ***** J'aime
Commentaire spontané: Happée par un très bel exercice de style au service d'un texte complètement loufoque.