vendredi 29 décembre 2017

Notre vie dans les forêts

 Notre vie dans les forêts par Marie Darieussecq, P.O.L, 192 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

« Il faut que je raconte cette histoire. Il faut que j’essaie de comprendre en mettant les choses bout à bout. En rameutant les morceaux. Parce que ça ne va pas. C’est pas bon, là, tout ça. Pas bon du tout. »
Ces mots sont parmi les premiers du nouveau roman de Marie Darrieussecq (roman qui s’est imposé à elle alors qu’elle travaillait sur un autre projet et qu’elle a écrit d’une seule traite, comme poussée par une nécessité impérieuse). De ce roman, ils indiquent la tonalité et le mode narratif. C’est un roman à la première personne, où l’héroïne découvre au fur et à mesure qu’elle la raconte toutes les causes et les conséquences de son histoire. Nous sommes donc dans une forêt (« nous » car la manière dont le livre est écrit impose une identification du lecteur). Le personnage principal, une femme qui fut autrefois psychothérapeute, s’y cache avec d’autres. D’autres ? Des compagnons de fuite, loin d’un monde qu’on devine menaçant pour eux et qui les traque. Mais aussi avec des êtres étranges, comme flottants, mais qui leur ressemblent de manière frappante, des sosies ? Leurs clones, en fait qu’ils ont emmenés avec eux dans leur fuite.
Cette dystopie, qui se situe dans la postérité de Le meilleur des mondes, comme dans celle de 1984 ou de Fahrenheit 451, nous raconte une histoire de trafic d’organes, de gérontocratie, de totalitarisme sanitaire et politique.  Marie Darrieussecq, avec ce personnage très légèrement en retard sur les événements, et à ce titre bouleversant, renoue avec la veine de Truismes.

Ma cote d'amour: ***** Enthousiaste
Commentaire spontané: Un roman étrange et original qui questionne notre humanité, porté par une écriture toute simple qui m'a bouleversée.

Anguille sous roche

couverture du livre Anguille sous roche Anguille sous roche, Ali Zamir, Le Tripode, 320 pages
Ce qu'en dit l'éditeur:

Quelque part dans l’océan Indien, une jeune femme se noie. Ses forces l’abandonnent mais sa pensée, tel un animal sur le point de mourir, se cambre : dans un ultime sursaut de vie et de révolte, la naufragée nous entraîne dans le récit de sa vie... 
Roman aussi étourdissant qu'envoûtant, qui n'est pas sans rappeler L'Art de la joie de Goliarda Sapienza par la beauté de son héroïne et la force de sa langue, Anguille sous roche est un miracle littéraire : 
« On entre dans Anguille sous roche comme en eaux troubles. Je l’ai lu debout, gîtant comme un mât dans la houle, ballotté par le flux verbal de la mélopée obsédante et hypnotique d’Anguille, l’héroïne narratrice. Je me suis laissé emporter dans les flots de sa prose organique et vivante, une seule longue phrase rythmée par la nécessité et l’urgence, proche de la tradition orale. Et j’ai glissé sur les lames de sa pensée, avec ses errements, ses certitudes et ses cris de colère. […] Dans cette histoire de jeune fille pas sage, de passage, de traversée et de passeur, la voix ultramarine d’Anguille sous roche ouvre un sillon qui n’est pas près de se refermer. » (Laurent Boscq)


Ma cote d'amour: ***** J'aime
Commentaire spontané: On se laisse facilement emporter par l'histoire et son étonnante oralité.

jeudi 28 décembre 2017

Mauv@ise connexion

Mauv@ise connexion, par Jo Witek, Talents Hauts, 96 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Entre ennui et conflits avec sa mère qui l'élève seule, Julie, 14 ans, rêve de mannequinat et attend le grand amour. Lorsqu'elle entre en contact avec Laurent sur internet, elle pense l'avoir trouvé. Il lui promet de l'aider à se constituer un book photos et la convainc de poser nue devant la webcam jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus se défaire de cette passion qui tourne au harcèlement.
Prix Ados en colère 2014
Prix de la Ligue de l'Enseignement 2013 du Morbihan 
Prix littéraire des collèges du Territoire de Belfort.

Ma cote d'amour: ***** J'aime
Commentaire spontané: Une belle analyse de la dépendance à son harceleur.

Rouler

Rouler par Christian Oster, éditions de l'Olivier, 180 pages

Ce qu'en dit l'édeur:

« J’ai pris le volant un jour d’été, à treize heures trente. »
On ne sait pas grand-chose des raisons qui poussent le narrateur à quitter Paris et à rouler en direction de Marseille, ville qui s’est imposée à lui comme un mot plus que comme une destination. Le seul besoin de fuir ? Ce serait trop simple. N’a-t-il pas plutôt l’intuition que c’est justement en s’en remettant au hasard que la vie peut enfin apporter du neuf ?
« La géographie n’a jamais été mon fort », apprendrons-nous plus loin. Avec ce road-novel d’un genre très particulier, Christian Oster signe l’un de ses romans les plus forts.
Ma cote d'amour: ***** Enthousiaste
Commentaire spontané: Joie de retrouver cette écriture singulière et envoûtante...

mercredi 20 décembre 2017

L'amoureux de papa

L'amoureux de papa par Ingrid Chabbert, illustrations de Lauranne Quentric, 48 pages, Kilowatt, collection les Kapoches

Ce qu'en dit l'éditeur:

"Mon papa a un amoureux. Mais moi, j'veux pas qu'il soit homosexuel." Amandine a bien du mal à accepter les choix de son père. Grâce à ses copains et à sa mère, Amandine va finir par comprendre : "C'est de l'amour tout ça, juste de l'amour". 

Ma cote d'amour: ***** Enthousiaste
Commentaire spontané: En peu de mots, la situation est posée. Un texte limpide, sensible, comme l'amour dont il parle, bien servi par un univers graphique tendre et coloré.

Magnus

Magnus, par Sylvie Germain, Folio, 272 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

«D'un homme à la mémoire lacunaire, longtemps plombée de mensonges puis gauchie par le temps, hantée d'incertitudes, et un jour soudainement portée à incandescence, quelle histoire peut-on écrire?» 
Franz-Georg, le héros de Magnus, est né avant la guerre en Allemagne. De son enfance, «il ne lui reste aucun souvenir, sa mémoire est aussi vide qu'au jour de sa naissance». Il lui faut tout réapprendre, ou plutôt désapprendre ce passé qu'on lui a inventé et dont le seul témoin est un ours en peluche à l'oreille roussie : Magnus. 
Dense, troublante, cette quête d'identité a la beauté du conte et porte le poids implacable de l'Histoire. Elle s'inscrit au cœur d'une œuvre impressionnante de force et de cohérence qui fait de Sylvie Germain un des écrivains majeurs de notre temps.


PRIX GONCOURT DES LYCÉENS 2005

Ma cote d'amour: ***** Enthousiaste sur le début ***** J'aime sur la fin
Commentaire spontané: L'auteur ne cesse de nous dérouter pour nous parler de ce héros lui-même dérouté, en quête de lui-même. Au début, par plusieurs fois, j'ai été bien bluffée!

mercredi 13 décembre 2017

Mon ami de la jungle

Mon ami de la jungle, par Marie Fouquet, illustré par Amélie Clavier, 48 pages, collection les Kapoches, Kilowatt

Ce qu'en dit l'éditeur:

L'agitation règne dans le quartier, mobilisé pour accueillir Nadim et sa famille. A l'école, Tom et ses copains attendent avec curiosité ce nouvel élève, tout droit venu de la Jungle. La jungle? Celle de Calais est bien loin de la forêt colorée que Tom a imaginée. Mais l'amitié se moque des malentendus et de ces différences. 

Ma cote d'amour: ***** Enthousiaste
Commentaire spontané: La touchante simplicité du texte illumine ce sujet sensible. Un grand bravo!