jeudi 30 décembre 2021

Histoire d'une vie

 

Aharon Appelfeld, 240 pages, bibliothèque de l'olivier

traduit de l'hébreu par Valérie Zenatti

De quoi s'agit-il?

Avec Histoire d'une vie, Aharon Appelfeld nous livre quelques-unes des clés qui permettent d'accéder à son œuvre : réminiscences de la petite enfance à Czernowitz, en Bucovine. Portraits de ses parents, des Juifs assimilés, et de ses grands-parents, un couple de paysans dont la spiritualité simple le marque à jamais. Il y a aussi ces scènes brèves, visions arrachées au cauchemar de l'extermination. Puis les années d'errance, l'arrivée en terre d'Israël, et le début de ce qui soutiendra désormais son travail : le silence, la contemplation, l'invention d'une langue approchant au plus près l'énigme d'une vie, les méandres de la mémoire, et le sens que l'art peut leur donner.

Traduit de l'hébreu et révisé pour la présente édition par Valérie Zenatti

Prix Médicis étranger 2004

Commentaire établi pour le cercle littéraire du CCJ de Montpellier:

Lire un livre d’Aharon Appelfeld, c’est plonger dans une musicalité particulière qui va droit au cœur. Dans le cadre de notre atelier littéraire, j’ai parcouru Histoire d’une vie pour la 3ème fois, mais pour l’occasion, j’avais acquis une version tout juste parue. Dans cette version révisée par sa traductrice, Valérie Zenatti, des mots, des tournures de phrases apparaissent différentes, donnant un éclairage parfois nouveau au texte, soulignant, lors d’une lecture comparée, l’importance de la traduction dans la transmission.

Lors de cette lecture, j’ai encore une fois été touchée par la vulnérabilité de l’enfance traversée par la guerre. Bien que cette fois, il nous parle de sa propre vie, Ahahron Appelfeld émaille son récit de souvenirs d’enfants croisés au hasard, des enfants que des inconnus aidaient d’un morceau de pain ou d’un manteau – une condition nécessaire, mais hélas pas suffisante pour s’en sortir pendant cette terrible période.

J’ai aussi été frappée par l’importance de la nature dans la vie de l’auteur, et par la relation intime qu’il a nouée très tôt avec elle. Il faut dire qu’en l’absence de parents à un âge où les apprentissages fondamentaux se font, la vie dans les bois n’a pu que laisser une empreinte durable.

Enfin, je parlerai de cette grande sidération qui est la mienne à chaque fois que je lis ces lignes (pages 120 et 121 de l’édition 2021) : « En quelques semaines, l’enfant de sept ans entouré de chaleur et d’un immense amour devint un orphelin de mère abandonné dans le ghetto, traîné par la suite avec son père dans une marche forcée à travers les plaines d’Ukraine, au milieu des agonisants et des morts étendus sur les bas-côtés de la route, trottant avec ses dernières forces auprès de ceux, peu nombreux, qui marchaient encore. »

Il y aurait encore tant à dire sur l’écriture et sur la langue, deux thèmes dont la construction et la déconstruction sont au cœur du livre et de la vie de l’auteur - et qui ont bien occupé nos débats ! Une chose est sûre, l’œuvre est foisonnante et chacun peut y trouver son bonheur de lecteur.


2 commentaires:

  1. Une lecture qui m'a beaucoup marquée, notamment grâce à toute cette réflexion sur le langage.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, il y a tellement de choses à dire là-dessus. Un autre auteur a beaucoup parlé de ce sujet, Edgar Hilsenrath, dont la langue d'écriture était l'allemand. Il avait émigré aux USA après la Shoah, mais ne pouvait écrire que dans sa langue natale. Il est retourné en Allemagne à la fin de ses jours (Terminus Berlin est un livre très intéressant à ce sujet).

      Supprimer