mardi 26 mai 2020

Une rivière verte et silencieuse

Hubert Mingarelli, Points, 128 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Un petit garçon, Primo, vit seul avec son père, ouvrier au chômage. Pauvreté matérielle et dénuement psychologique marquent ce récit. Le père et l'enfant imaginent faire fortune en cultivant des rosiers. On leur coupe l'électricité. Ils vont manger dans un bistrot où une femme chante des chansons grivoises. Ils volent des cierges dans une église pour s'éclairer.

C'est tout et c'est immense. Un récit d'une simplicité bouleversante sur les relations père-fils.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Un texte très épuré, parsemé de symboles. A lire à tête reposée, avec une tasse de thé fumante, pour lever le voile sur tous les secrets et savourer toute la richesse de cette double confrontation au père - mais pas que.

dimanche 24 mai 2020

Le coeur en braille

Pascal Ruter, Didier Jeunesse, 304 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Jusque là, pour Victor, une année scolaire c’est du saut à l’élastique sans l’élastique. Ce qu’il préfère ? Écouter les Rolling Stones, se gaver de loukoums avec son copain Haïçam, parler mécanique avec son drôle de père… Quand il ne s’amuse pas à planquer le PQ des toilettes des filles, il essaie d’échapper aux punitions qui pleuvent sur lui comme la foudre sur le paratonnerre.
Mais lorsque Marie-José, génie absolue, déboule dans sa vie un beau jour de contrôle de math, c’est tout son univers qui implose… Pourquoi soudainement cette première de la classe, violoncelliste de talent, va-t-elle avoir besoin de lui ? Une amitié étrange va naître entre ces deux ados que tout oppose… Vont-ils pouvoir cacher le secret de Marie-José jusqu’au bout ?

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: L'histoire est plutôt incroyable, mais la magie de l'écriture ruterienne opère. Pour les amoureux des histoires qui jouent sur la corde sensible à tendance pathétique (en référence au registre littéraire^^).

samedi 23 mai 2020

Le nez juif

Sabyl Ghoussoub, L'antilope, 160 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Dans ce court roman très enlevé, Aleph, le narrateur, se présente comme un anti-héros, une sorte de Woody Allen inversé.
Depuis tout petit, sa mère lui répète : « T'es moche, j'espère que tu te referas le nez quand tu grandiras. Et en plus tu ressembles à un juif. » Mais Aleph sort en boîte, séduit les filles, se fait des amis. Il s'engage, il voyage. Beaucoup au Liban. Il tombe amoureux, se retrouve dans le cinéma et rien ne se passe jamais comme prévu.
Entre Paris et Beyrouth, la Palestine et Israël, le Hezbollah et le Mossad, Aleph doit faire des choix. Arabe sous une peau de Juif, il est en quête permanente d'identité..

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️
Commentaire spontané:
A force que sa famille et la société le comparent à un Juif (nous sommes au niveau de l'identitaire collectif), le héros finit par ne plus très bien savoir où il en est (nous en arrivons à l'identitaire individuel), et se lance dans une sorte de quête qui le mène de pays en pays (identitaire géographique où en filigrane intervient la problématique de l'émigration). Pas un temps mort. Il semble que le héros - ou l'auteur - soit sur les charbons ardents de l'espace-temps.
La fin est excellente: de tous ces mélanges résulte un être interchangeable - ou un vrai martien!

vendredi 22 mai 2020

King Charlie

Delphine Pessin, Poulpe fiction, 168 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Et si du jour au lendemain, vous deveniez chien ?
Charlie est un enfant-roi. La preuve, il porte une couronne sur la tête. Couvé par ses parents, il fait la loi partout où il passe : il terrorise les chiens de son quartier, méprise ses camarades d'école jusqu'au jour où une sorcière, pour le punir, le transforme en chien King Charles !
Aidé par une bande de cabots affectueux, il devra tout faire pour retrouver forme humaine, et même tenter de devenir plus gentil !

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: L'humour qui traverse ce texte dévoile le ridicule du héros et de sa situation. Une histoire menée tambour battant pour remettre les couronnes à l'heure.

dimanche 17 mai 2020

Prisons

Ludovic-Hermann Wanda, L'antilope, 288 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

"Tu parles bien, gros, t'envoies de bonnes disquettes. Tu parles comme mon avocat, un Feuj. C'est frais, j'avoue, mais pour nous t'as vu c'est cuit, dead et archi-dead. On est trop des mecs en chien, des ex-clus, comme disait Doc Gynéco. Nos têtes sont trop cramées. Faut croire que le bonheur, c'est comme une boîte de nuit des Champs-Élysées : tout le monde veut rentrer, mais y en a pas beaucoup qui ne se mangent pas un "ici, c'est privé, vous êtes pas VIP"."
Frédéric, « Black » des banlieues, est un dealer à succès. Arrêté, il découvre en prison le pouvoir des mots et de la belle langue. Comment partager sa passion ? Il commence avec son compagnon de cellule, un « Feuj » à qui il enseigne le français sans wesh, blédard ou bâtard. Frédéric y croit, sa rédemption passera par les mots et la connaissance. Il lutte, s'appuie sur la confiance en son Dieu, résiste à Satan qui veut le ramener à sa vie antérieure. La République, consternée par l'état de ses prisons, le couve des yeux.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané:
Encore un livre avec une vraie fraîcheur (deux à la suite, dans deux genres différents, je suis comblée!). Cette fois-ci, je la mets sur le compte d'un optimisme chevillé au texte, d'un tempo marqué par le wesh-wesh, d'une originalité qui met en scène notre Marianne nationale, rien de moins (c'est vrai qu'il n'est pas fréquent de se demander ce que pense Marianne, toute seule dans son buste de plâtre).
L'histoire est simple, mais elle devient vite savoureuse grâce au style qui rend les personnages attachants - à moins que ce ne soit grâce aux personnages qui vont faire du verbe tout un art.
Le roman décline un thème sociétal fondamental : la liberté passe par l'éducation, qui passe par la lecture.
Le fond, la forme, tout y est ! Un  grand bravo à Ludovic-Hermann Wanda !

vendredi 15 mai 2020

Le grand méchant renard

Benjamin Renner, Delcourt, collection Shampooing, 192 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Quelle belle fable que Le Grand méchant renard ! Benjamin Renner offre là une jolie petite histoire animalière où un renard gringalet tente de retrouver sa méchanceté originelle. Cette bande dessinée tendre et adorable passera dans les mains de toute la famille. Les personnages amuseront les plus petits. Quant à la morale de l'histoire, elle est à méditer par les plus grands : il est toujours possible d'échapper au déterminisme biologique et social. Le renard prédateur se révèle un papa poule parfait… Un comble, non ?

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: J'ai reçu un grand vent de fraîcheur en ouvrant ce livre qui traînait depuis un moment dans ma bibliothèque. Peu de moyens et un maximum d'effets, voilà comment je pourrais résumer le style graphique de Benjamin Renner, c'est fort. Les mises en scène sont finement ficelées, mais l'accent est clairement mis sur les émotions des personnages. Du grand art. J'ai ri, mais j'ai ri!

mercredi 13 mai 2020

La chinoise au tableau

Florence Tholozan, M+ éditions, 276 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Si comme Mélisende et Guillaume vous découvriez un tableau très étonnant ? Au second plan, derrière une jeune Chinoise, se tiendrait un couple. Un couple qui ressemblerait en tout point au vôtre. À un détail près : les personnages représentés sur la toile seraient bien plus âgés. Une curiosité irrésistible vous entraînerait jusqu'en Chine, à la recherche de la Chinoise du tableau. Et si vous vous aperceviez que cette dernière détenait un secret qui va bouleverser votre vision de la vie ? Un roman contemporain envoûtant. Des sentiments purs et forts. Un récit à plusieurs voix de toute beauté, où la particularité de chacun s'imbrique dans une continuité intemporelle. AUTEUR Florence Tholozan vit dans les proches environs de Montpellier. Diplômée en psychologie clinique, elle enseigne dans l'Hérault. Du plus loin qu'elle se souvienne, elle a toujours eu l'amour des mots. La Chinoise du tableau est son premier roman. Il a été présenté pour le Prix de la 1ère œuvre d'une auteure 2019 et a concouru au Prix du Livre Romantique 2019 pour lequel il a été finaliste.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: Abandon
Commentaire spontané: Je n'ai pas accroché au niveau du style.

lundi 11 mai 2020

Enterrer les morts

Annick Demouzon, Leoforio éditions, 220 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Enterrer les morts et tourner les pages de la vie... Il semble, en effet, que ce soit la préoccupation principale des personnages qui peuplent ce recueil. Ils nous entraînent dans leurs cimetières, nous promènent à leurs enterrements, se préoccupent de leurs morts et des nôtres, des soins à donner à chacun : comment ne pas les oublier pour les aider à vivre encore un peu, comment les honorer, en quel lieu digne d'eux...
et accepter leur insupportable absence. Du jeune enfant au vieil homme, gens de ville ou de campagne, vieille dame indigne ou baroudeur, en se souciant de la mort, tous s'agrippent à la vie. Avec bonheur, nostalgie ou désespoir. Dix-neuf histoires drôles, cruelles ou tendres pour se redire le prix de l'existence.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Suivant la tradition de grands conteurs tels que Henri Vincenot ou Alphonse Daudet, Annick Demouzon fait revivre le terroir. Dans chacune de ses nouvelles, elle trouve un angle original pour nous parler des liens qui nous unissent à ceux qui nous sont chers. Parfois ces liens se sont distendus, parfois ils se sont rompus. La langue est quelquefois rugueuse, souvent poétique, toujours émouvante, car quand nous entrons dans la vie de ses personnages, ils sont au terme de la leur. C'est un vrai bonheur de pénétrer à la suite d'Annick dans leur intimité.
Merci, Annick, pour ces petites merveilles !

PS: Je gardais ce livre pour le challenge Mai en  nouvelles (initié par les blogs Hop! Sous la couette et La nuit je mens), mais puisque cette année, l'actualité a été la plus forte, j'ai quand même décidé de lire certains des recueils que je gardais pour l'occasion. Je ne regrette pas cette excellente pioche dans ma PAL de nouvelles!

dimanche 10 mai 2020

Les doutes d'Avraham

Dror Mishani, Seuil policiers, 288 pages

Présentation de l'éditeur

Une veuve sexagénaire est étranglée dans son appartement de Tel Aviv. Un voisin a vu, à peu près à l'heure du décès, un policier descendre de l'escalier de l'immeuble. Avri Avraham, promu chef de la section des homicides, est confronté à sa première affaire de meurtre. Parallèlement, Maly, une jeune mère de famille, s'inquiète du comportement étrange de son mari.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Ô joie de retrouver pour une troisième enquête l'inspecteur Avraham, les rues d'Holon et la société israélienne dans toute sa ténébreuse complexité ! L'écriture intime et fluide de Dror Mishani m'a cette fois encore complètement emportée.

mercredi 6 mai 2020

Les roses d'Atacama

Luis Sepulveda, Métailié, Suites, 159 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Qu'est-ce qui rapproche un pirate de la Mer du Nord mort il y a 600 ans ; un militant qui attend le 31 mars l'éclosion des roses d'Atacama ; un instituteur exilé qui rêve de son pays et se réveille avec de la craie sur les doigts ; un italien arrivé au chili par erreur, heureux à cause d'une énorme erreur et qui revendique le droit de se tromper ; un bengali qui aime les bateaux et les amène aux chantier où ils seront détruits en leur racontant les beautés des mers qu'ils ont sillonnées ?
Peut-être cette frontière fragile qui sépare les héros de l'Histoire des inconnus dont le nom restera dans l'ombre. Leurs pas se croisent dans les pages de ce livre. Voici, riche d'une humanité palpable, dans un style direct et incisif, toutes ces vies recueillies par un voyageur exceptionnel, capable de transformer la tendresse des hommes en littérature.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Une introduction très forte avec Histoires marginales. Puis l'auteur nous embarque dans ses rencontres de hasard autour du monde. Beaucoup quand même ont eu lieu en Amérique latine. Ce fut alors pour moi l'occasion d'une plongée dans une histoire méconnue.
J'ai particulièrement aimé l'hommage qu'il rend à son chat: L'amour et la mort.

dimanche 3 mai 2020

Dis au revoir à ton poisson rouge !

Pascale Ruter, Didier Jeunesse, 256 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

La vie est parfois surprenante. Voire carrément époustouflante. Andréas n'avait pas vraiment prévu de passer quinze jours de vacances en compagnie de sa correspondante anglaise, et encore moins de troquer la fréquentation du skate-park contre celle des musées. Direction l'aéroport. "Merci papa, merci maman, j'ai juste envie de vous tuer !" Remarquez, il n'avait pas non plus prévu de rentrer de l'aéroport sans ses parents, et encore moins de devoir se lancer sur leur trace. Direction le Brésil ! Bye-bye Paris, bonjour la jungle en mode James Bond...

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Le livre est un enchaînement de péripéties sans temps mort, avec des transitions parfois brutales, car l'histoire va vite, très vite. En temps de confinement, voilà un texte qui comblera les jeunes aventuriers en mal de dépaysement et de frissons.

samedi 2 mai 2020

La grâce du dindon déplumé

Juliette Rontani, Fleurus, 320 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Angélique Bouchon porte très mal son prénom. Grincheuse, sarcastique, piquante et solitaire, son bonheur réside au fond d'un paquet de chips barbecue englouti devant une bonne série. Avec sa voix rauque, ses grosses lunettes et sa dose explosive d'auto-dérision, elle ne passe jamais aussi inaperçue qu'elle le voudrait. Elle a une famille foutraque, des amies expansives, des copains pas malins, elle "fréquente" un garçon ténébreux qu'elle aimerait sortir des ténèbres, mais pas totalement non plus. Enfin, elle va vous raconter…

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: La grâce du dindon déplumé est la bible du superlatif, le royaume de la comparaison loufoque, le répertoire des ménageries improbables. Juliette Rontani écrit drôle, et surtout elle écrit vrai, car derrière les tournures rocambolesques et les situations ubuesques se cachent des tourments de l'adolescence bien réels et pas du tout évidents à apprivoiser. L'auteure nous embarque dans la vie d'Angélique Bouchon, une ado qui affronte l'amour, la mort, la trahison, etc., avec un sens inné de l'autodérision, et on ne peut que rire avec elle. (Car oui, on rit beaucoup - on rit même presque tout le temps.) Un livre anti-déprime donc, qui agira aussi efficacement que le Prozac.