dimanche 27 mars 2022

La petite coriace

 

Anne Loyer, éditions Anne Carrière, 208 pages

De quoi s'agit-il?

À dix ans, Marinette, délaissée par ses parents, passe ses journées seule sur la plage. Sa mère vient de quitter le domicile conjugal avec le voisin et son père se réfugie dans son boulot de flic pour évacuer son mal-être. Lorsque Barnabé, qui travaille dans un grand magasin, la déniche au fond d’un caddie, il est loin de s’imaginer à quel point elle va faire ressurgir un passé qu’il pensait profondément enfoui. Il la ramène chez Gaby, sa tante, avec laquelle il vit. La gamine bouscule immédiatement leur quotidien. Car Marinette, sans s’en rendre compte, ravive le souvenir brûlant d’Anna, la petite sœur chérie de Barnabé, disparue vingt-cinq ans plus tôt lors d’un terrible accident. Sa présence aussi légère que solaire va leur rendre l’espoir d’un avenir meilleur. Le deuil en suspens de Barnabé et Gaby peut enfin s’effectuer. Le père de Marinette, consumé par la culpabilité, prend alors une décision radicale. Un choix qui va remettre en question le futur de la petite coriace et de ses nouveaux amis.

En deux mots, à chaud:

C'est la première incursion dans l'univers de la fiction adulte d'Anne Loyer, mais ceux qui ont déjà lu ses livres jeunesse retrouveront sa patte inimitable, ce style écorché qui dénonce avec violence les travers de notre société.

Cette semaine, avec un groupe d'amis, nous étions penchés sur Sagesse 9, 1-18, et nous en sommes venus à évoquer Le cri de Munch. C'est ce même tableau qui me vient à l'esprit après la lecture de La petite coriace. En lisant ce texte, j'ai eu l'impression d'un long cri lancé à la face du monde, un cri qui alerterait sur les fragilités de l'enfance, et qui nous dirait: attention, l'enfance est un trésor, arrêtez de la brutaliser et comportez-vous en adultes responsables !


dimanche 20 mars 2022

Petites boîtes

Yôko Ogawa, Actes Sud, 208 pages

traduit du japonais par Sophie Refle

De quoi s'agit-il?

La narratrice de ce livre vit dans une ancienne école maternelle. Tout y est petit, au format de ceux qui autrefois la fréquentaient. Cette femme accorde en ces lieux fossiles une attention très particulière à l’une des pièces, un endroit de mémoire où sont déposées d’étranges petites boîtes.
Parfois cette dame marche dans la nuit en compa­gnie d’un certain M. Baryton, un homme charmant pour lequel elle déchiffre des messages. M. Baryton voit clair pourtant mais ce sont les mots de son aimée qui semblent s’amenuiser sur le papier en même temps qu’elle.
Certains soirs sur la colline, aux abords de la ville, des inconnus attendent le passage d’un souffle, d’un brin de vent. La dame de l’école maternelle sait qu’ils écoutent en pleine nature une musique inaudible pour tout autre qu’eux-mêmes, un chant issu du lointain. Une présence absente.
Ne lisez pas les livres de Yôko Ogawa sans écouter chaque phrase, sans entendre ses mots et l’écho qu’ils produisent. Si vous leur accordez une réelle attention, leur sens se dépliera littéralement sous vos yeux.


L’œuvre de Yôko Ogawa est mondialement connue. Petites boîtes est son vingt-sixième livre traduit en français.

Spontanément, je dirais:

L'auteure poursuit son travail sur la mémoire avec une histoire onirique et poétique où bien des choses demeurent sans réponses, comme dans la vie en fin de compte.
Chacun peut envisager le récit selon son propre vécu (relations parents / enfants, rapport des parents au deuil d'un enfant, empreinte de notre enfance sur notre vie d'adulte, importance des lieux de mémoire, etc.) et y puiser inspiration et apaisement. Original et sublime !

Bal tragique à Windsor

 

S.J. Benentt, Les Presses de la Cité, 280 pages

Traduit de l'anglais par Mickey Gaboriaud

De quoi s'agit-il?

Windsor, printemps 2016. La reine Elizabeth II s'apprête à célébrer ses 90 ans et attend avec impatience la visite du couple Obama. Mais au lendemain d'une soirée dansante au château, un pianiste russe est découvert pendu dans le placard de sa chambre, quasiment nu. Shocking!

Lorsque les enquêteurs commencent à soupçonner son personnel d'être impliqué dans cette sordide affaire, Sa Majesté, persuadée qu'ils font fausse route, décide de prendre les choses en main. Mais être reine a ses inconvénients, et notamment celui de ne pas passer inaperçue. C'est donc Rozie, sa secrétaire particulière adjointe, qui va l'aider à démêler ce sac de nœuds God save the Queen du cosy crime !

Quelques réflexions…

Ce livre m'a été offert à Noël. Je ne m'attendais pas à ce que l'on m'offre ce genre d'ouvrage à mille lieues de mes habitudes de lecture. J'ai trouvé le style solide, ce qui est important pour moi et m'a fait poursuivre la lecture jusqu'au mot de la fin. J'ai été un peu désorientée par la conclusion (tirée par les cheveux en nous sortant du chapeau un personnage hors des radars narratifs), mais peut-être est-ce raccord avec l'esprit des affaires du Royaume, je suis assez mal placée pour juger.