mardi 13 octobre 2020

Efface toute trace

 

François Vallejo, Viviane Hamy, 294 pages


Présentation:


« Vous m’avez sollicité comme expert renommé dans mon domaine, exigeant de moi la plus extrême discrétion. Des incidents récents, distants dans l’espace, vous inquiètent et justifient que vous ayez recours à mes services. Vous attendez de moi que je contribue à préserver votre sécurité. Les conclusions suivront. »

Face aux violents décès de trois amateurs d’art fortunés à Hong Kong, New York et Paris, un groupe de collectionneurs surnommé le « consortium de l’angoisse », charge un expert d’élucider ces incidents étranges. Sa mission ? Rassembler l’ensemble des faits connus et mener sa propre enquête. Le temps presse car de nouveaux accidents surviennent.

Une piste se dégage. Les victimes auraient fait l’acquisition d’œuvres subversives signées « jv ». L’artiste, un Orson Welles mâtiné d’un Bansky, obsédé par le détournement, est introuvable. Jusqu’au jour où il décide de joindre l’expert...

Provocation ? Bluff ? Falsification ? Serial artiste doublé d’un serial killer ?

Qu’est-ce qu’un chef-d’œuvre ? Que signifie être artiste au sein de nos sociétés capitalistes et dématérialisées ? François Vallejo avec Efface toute trace embarque son lecteur au cœur d’une enquête palpitante où les apparences sont autant de trompe l’œil s’éclairant les uns les autres. Talentueux et féroce.


Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️

Commentaire spontané: 

Encore un très bon roman de François Vallejo, que je suis depuis son premier livre paru chez Viviane Hamy en 1998: Vacarme dans la salle de bal.

Le romancier se renouvelle avec cette fois une réflexion sur l'Art moderne. Il transperce nos certitudes, nous confronte aux failles du système. Très instructif… et d'un style de haut vol!

dimanche 11 octobre 2020

Broadway

 

Fabrice Caro, Gallimard Sygne, 208 pages


Résumé:


La vie n'est pas une comédie musicale. Une femme et deux enfants, un emploi, une maison dans un lotissement où s'organisent des barbecues sympas comme tout et des amis qui vous emmènent faire du paddle à Biarritz… Axel pourrait être heureux, mais fait le constat, à 46 ans, que rien ne ressemble jamais à ce qu'on avait espéré. Quand il reçoit un courrier suspect de l'Assurance maladie, le désenchantement tourne à l'angoisse. Et s'il était temps pour lui de tout quitter ? De vivre enfin dans une comédie musicale de Broadway ?Après Le Discours, Fabrice Caro confirme son talent unique de prince de l'humour absurde et mélancolique.


Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️

Commentaire spontané: Une franche partie de rigolade qui parle de nos angoisses les plus intimes, nos comportements les plus vils, nos souvenirs les moins bien digérés - et la liste n'est pas exhaustive.

Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai éclaté de rire, faisant sursauter les chers lapinoux qui me tiennent compagnie.

samedi 3 octobre 2020

Beyrouth entre parenthèses

 

Sabyl Ghoussoub, L'antilope, 144 pages


Présentation:

Il est défendu à un citoyen libanais de se rendre en Israël. Mais le narrateur, un jeune photographe franco-libanais, décide d’enfreindre la loi de son pays et ne pas suivre l’avis de sa famille. Arrivé à l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv, il subit un interrogatoire de plusieurs heures. Les questions fusent et se répètent. « Comment s’appelle votre mère ? Comment s’appelle votre père ? Comment s’appelle votre grand-père ? Comment vous appelez-vous ? » Des questions qui reviennent comme une berceuse et qui voudraient obliger le narrateur à se définir de manière définitive. Lui qui avait pensé faire ce voyage pour mettre de côté sa part libanaise, mettre Beyrouth entre parenthèses…


Après Le nez juif, Sabyl Ghoussoub revient avec le récit de ce voyage interdit, un livre plein d’humour, de tendresse et parfois de colère.

 

Extrait du roman

« Sur les photos, les personnes en keffieh, ce sont des Palestiniens ?
– Non, ma famille.
– Votre famille, ce sont des Palestiniens ?
– Non, des Libanais.
– Pourquoi alors les avoir couverts d’un keffieh palestinien ?  »

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️

Commentaire spontané:

Un livre qui rappellera quelques souvenirs à ceux qui ont déjà atterri à l'aéroport Ben Gourion.

J'ai lu d'une traite ce témoignage au ton corrosif.

L'auteur, photographe, y décrit l'absurdité de certaines situations auxquelles il a été confronté en posant le pied sur le sol israélien. Avec lui, à travers différents facteurs (la langue, le physique, l'éducation, la famille, etc.), nous nous interrogeons sur le déterministe qui affirme l'appartenance bien avant la naissance.

L'anecdote de la fin est extraordinaire et résume parfaitement la situation ubuesque dans laquelle vit l'humanité.


Incidents au fond de la galaxie

 

Etgar Keret, éditions de L'olivier, 240 pages


Résumé:

Dans un cirque, un employé chargé de nettoyer les cages des animaux accepte d'être envoyé dans le ciel comme un boulet de canon ; le jeune pensionnaire d'un étrange orphelinat découvre qu'il est un clone d'Adolf Hitler créé pour venger les victimes de la Shoah ; un accidenté de la route perd la mémoire et se retrouve dans une pièce virtuelle avec une femme virtuelle, à moins que ce ne soit l'inverse...

Facétieuses, corrosives et incroyablement brillantes, les vingt-deux nouvelles d'Incident au fond de la galaxie nous immergent dans l'univers " keretien ", où le virtuel et le fantastique viennent subtilement troubler la réalité pour faire surgir de profondes réflexions sur le deuil, la solitude et les stigmates de l'Histoire.

Traduit de l'hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️

Commentaire spontané:

Première incursion dans l'univers de cet écrivain. Certaines de ces 22 nouvelles sont de vraies pépites, comme Tabula rasa qui met en scène un clone expiatoire de Hitler. J'avoue avoir été chamboulée par l'absurdité brutale du Lézard des glaces, qui parle d'un programme d'enrôlement d'adolescents comme militaires. En se rendant sur des scènes de guerre à travers la planète, ils ont l'occasion de collecter des trophées uniques (un peu sur le principe des Pokémons). Ils ont aussi l'occasion d'y rester...

jeudi 1 octobre 2020

Rouge tango

 

Charles Aubert, Slatkine et Cie, 315 pages

Résumé:

Le nouveau polar doux de l'auteur de Bleu Calypso.
Une enquête au cœur du paradis troublé d'un Sud méconnu.

Niels Hogan s'est retiré loin du monde. Dans sa cabane de pêcheurs, au cœur d'un Sud encore sauvage, il fabrique des leurres pour la pêche. Quarantenaire bourru, il n'a que peu d'amis : son voisin Vieux Bob, pêcheur lui aussi, la fille de Bob, la détonante Lizzie, et le jeune geek Malik.
Alors, quand ce dernier est porté disparu et que la police retrouve du sang chez lui, puis le cadavre d'un inconnu, il n'en faut pas plus pour que notre héros ordinaire reprenne du service.
Accompagnés du capitaine Malkovitch, Niels, Lizzie et Vieux Bob vont tout mettre en œuvre pour retrouver leur ami. Leur enquête les conduira sur la piste d'une vieille affaire liée au grand banditisme marseillais. De dangereux personnages viendront s'inviter à la fête, et troubler la vie si paisible que Niels s'est choisie.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️

Commentaire spontané: Confirmation: j'aime énormément l'univers de Charles Aubert. Ses personnages sont attachants, l'intrigue est parfaite, mais de mon point de vue, ce polar vaut surtout le détour pour son ambiance. Deux raisons à cela: l'intrigue campée dans l'arrière-pays sétois et la plume inspirée de Charles Aubert avec une kyrielle de jolies trouvailles à faire pâlir d'envie l'auteure que je suis.