mercredi 30 décembre 2020

Marilou et le grand incendie

 

Valérie Zenatti, Mouche, L'école des loisirs, 96 pages


Résumé:


Ça grandit vite, un écureuil. À huit mois, Marilou n’est déjà plus tout à fait un enfant. C’est le moment pour elle de quitter sa famille et d’explorer la forêt.
Pour la première fois, elle va cueillir des cerises. Pour la première fois, elle va se faire un ami. Il s’appelle Malik et il a du soleil dans les yeux. Quelle aventure…
Mais le danger est là : un incendie gigantesque éclate dans la forêt. Vite, Marilou, il faut se sauver ! Dans la fuite, elle ne retrouve plus rien. Son chemin ? Sa maison ? Son ami ? Où sont-ils ? La quête d’un monde nouveau commence.


Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️

Commentaire spontané: Une histoire d'une profondeur rare.

mardi 29 décembre 2020

Le club des voleurs de pianos, Un piano par la fenêtre

 

Paul Beaupère, Fleurus, 287 pages

Résumé:

« Les toits de Paris sont magnifiques et magiques, mais quand on est poursuivi par la moitié des policiers de la ville, étrangement, ce n'est ni magique ni magnifique... C'est juste très glissant, très étroit, très sombre, très dangereux, très fatigant, et cette histoire est partie pour très mal finir... »

Nous sommes un groupe de musiciens. Il y a l'oncle Andreï, pianiste, tante Mary, trompettiste, oncle Lucien, batteur, Ethy, ma mère, chanteuse, et moi, John, 12 ans et un don certain pour l'improvisation... Mais nous avons aussi une activité nocturne très spéciale : nous « empruntons » des instruments à nos riches élèves musiciens pour les confier à nos élèves moins fortunés. Nous sommes, en quelque sorte, les Robins des bois de la musique ! Et ce n'est pas de tout repos, croyez-moi !

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️

Commentaire spontané: Une histoire virevoltante et inventive, un style inventif et virevoltant: que du bonheur!

lundi 21 décembre 2020

Thornhill

 

Pam Smy, Le Rouergue, 544 pages


Résumé:

Mary a habité là pendant des années. Entre ses murs, elle a vécu les pires moments de sa vie. Ella, elle, ne peut s’empêcher d'observer cet étrange endroit depuis sa chambre. La nuit, elle se demande ce qu’il cache. Certains ne voient en lui qu’un vieil orphelinat. D’autres sont au courant de son secret… Mais tout le monde connaît son nom. Thornhill. Dans la lignée des romans de Brian Selznick, encensé par Philip Pullman, le premier roman graphique de Pam Smy est un petit bijou gothique.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️

Commentaire spontané: On ne peut s'empêcher de tourner les pages. Addictif!

vendredi 18 décembre 2020

Charlock, La disparition des souris


Sébastien Pérez, Benjamin Lacombe, Flammarion jeunesse, 80 pages


Résumé:

Étrange fait divers à Paris : Magali la souris a disparu !
Et avec elle, toutes les souris du quartier.
Grâce à son grand courage, Charlock et ses voisins à plumes ou à quatre pattes se lancent à sa recherche.
Charlock n'a (presque) peur de rien !

Par les moustaches de Charlock, encore une enquête à résoudre !

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️

Commentaire spontané: Bonne idée, mais l'ensemble manque parfois de fluidité et les illustrations nous perdent un peu Par exemple, le chihuahua est décrit avec un bob entre les oreilles, or il a un toupet...

Charlock, le trafic de croquettes

 

Sébastien Pérez, Benjamin Lacombe, Flammarion jeunesse, 80 pages


Résumé:

New York, 1917.Grosse dispute entre chiens et chats. Ed le loubard, le chien aux grandes oreilles, accuse le clan des Chappucini de vouloir empoisonner leurs croquettes.Gang des chiens, contre gang des chats : voilà une nouvelle mission périlleuse pour Charlock qui doit vite rétablir la paix...Par les moustaches de Charlock, encore une enquête à résoudre!

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️

Commentaire spontané: L'idée est sympathique, mais j'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois pour comprendre les enchaînements d'action ou de personnages. Les illustrations m'ont un peu perdue. Par exemple, le cocker à la frange est illustré avec un haut-de-forme. Hum...

jeudi 17 décembre 2020

Âge tendre

 

Clémentine Beauvais, Sarbacane, 378 pages

Résumé:

La présidente de la République ayant décidé que tout élève doit accomplir une année de service civique entre sa troisième et sa seconde, Valentin a posé ses vœux. Malheureusement pour lui, ils n'ont pas été respectés et l'adolescent est envoyé dans un centre pour personnes âgées atteintes d'Alzheimer, situé dans le Pas-de-Calais, conçu pour ressembler à un village des années 1960.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️

Commentaire spontané: Un fil conducteur intéressant, un narrateur attachant, des personnages secondaires qui ne le sont pas moins, tout est réuni pour passer un agréable moment.

Je suis bluffée par la capacité de Clémentine Beauvais à se renouveler dans chacun de ses romans, non seulement sur le fond mais aussi sur la forme.

dimanche 6 décembre 2020

Sauveur et fils, saison 6

 

Marie-Aude Murail, L'école des loisirs, collection Médium, 332 pages

Résumé:

Jamais une psychothérapie n'a autant ressemblé à une enquête policière que dans cette saison 6. Qui est cet homme qui veut être reçu à 7 heures du matin au 12, rue des Murlins et qui a l'air de connaître la maison de Sauveur comme s'il y avait déjà vécu ? D'où vient Gilbert le Démon qui persécute la jeune Sarah en lui criant à l'oreille des insanités ? Pour-quoi Ghazil Naciri a-t-elle volé une clé dans le sac de sa prof de SVT ? Qu'est-ce que Kimi va faire de ce revolver qui lui est tombé entre les mains ? Et Jovo, mythomane ou psychopathe ? Va-t-on enfin connaître son passé ? Si vous n'avez pas toutes les réponses en saison 6, c'est qu'il y aura une saison 7.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️

Commentaire spontané: Un condensé de la vie livré sur un plateau de talent par Marie-Aude Murail. Je ne m'en lasse pas...

Monsieur Incapable

 

Georges Picard, Editions José Corti, 192 pages


Présentation par l'éditeur:


Monsieur Incapable est venu au monde avec un poil dans la main et une incapacité à réaliser quoi que ce soit de positif et de fructueux. Cet inadapté chronique refuse de travailler et de s’impliquer dans la société. Sa religion n’a qu’un dogme : le salut de la planète viendra des flemmards et des incapables.

Il vit tantôt dans un dortoir caritatif, tantôt dans un grenier, comptant sur l’affection d’amis comme Raymond, un SDF philosophe, Mamamé de Clignancourt, la reine du pilaf, Fantine, amoureuse de l’amour, Adeline, une petite poétesse de rue... Malgré lui, il se trouve enrôlé dans des aventures absurdes qui le dépassent. Avec une bande d’anarchistes, il s’attaque au siège du patronat, échappe à la prison, n’échappe pas à un psy déprimé et à une infirmière délirante, avant de se faire élire à la tête du pays avec pour programme l’Incapabilisme : « Ne rien foutre, se la couler douce ». Au moment où le Travail et l’Effort seraient sur le point d’être vaincus, Wall Street et sa mafia renvoient impitoyablement Monsieur Incapable à sa vocation première : glander.

Ce roman extravagant et nihiliste, dans la lignée d’Alfred Jarry, se moque joyeusement des valeurs productivistes de nos sociétés où l’on « s’use la santé au boulot pour gagner un fric que l’on s’empresse de dépenser d’une façon conne ou ignominieuse gagée sur la sueur de gamins bossant pour trois roupies. » Alors que la production et la consommation frénétiques ravagent la planète, l’Incapabilisme est-il la philosophie adéquate de notre temps ? L’auteur n’a aucune illusion, son espoir n’est pas politique, mais comique. S’il fait rire les lecteurs, le reste lui sera pardonné.


Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️

Commentaire spontané: Une très belle plume que je retrouve avec un plaisir gourmand.

dimanche 22 novembre 2020

Histoires des temps passés et à venir

 

Y.L. Peretz, L'antilope, 160 pages


Présentation:


Histoires des temps passés et à venir est un recueil de six histoires écrites par l’un des grands auteurs de la littérature yiddish, Y. L. Peretz.

Grâce à une langue très littéraire, Y. L. Peretz a su faire ressortir la puissance de la tradition juive et la diffuser dans la culture populaire. Il a transmis cette force enchanteresse en s’inspirant autant des superstitions que de sa connaissance approfondie des contes hassidiques..

 

Extrait du récit

« Aujourd’hui elle va venir, se dit-il, flânant au bord de la Vistule.

Au fil de ses pensées, tout lui revient, redevient vivant.

Il est assis sur le lit dans l’obscurité et attend. Au moindre mouvement dans les escaliers son cœur bat plus fort et il s’étonne : pourquoi ? Ce n’est tout de même pas qu’il l’aime ?

Enfin, c’est elle. Son pas léger, planant. Il se lève et allume la lampe sur la table. Elle s’arrête un instant derrière la porte. Reprend son souffle — pénibles, les escaliers —, arrange ses cheveux et jette même un coup d’œil par le trou de la serrure. D’un coup à peine audible, elle frappe du doigt à la porte.

– Proszę, s’il vous plaît, entrez !

Elle ouvre la porte et s’écrie sur le seuil :

– Będzie opowiadanie, il y aura une histoire ?

Sinon, elle repart.

Lui, elle ne l’aime pas, dit-elle. Les Juifs, d’ailleurs, elle en a peur, mais ses histoires, elle les aime.  »


Combien ce livre a fait battre mon cœur: 💗💗💗

Commentaire spontané:

Ce recueil de nouvelles, qui vient de paraître aux éditions de L'antilope, était pour moi l'occasion de découvrir un auteur incontournable de la littérature yiddish. J'étais impatiente de lire ça! Au départ, je n'ai pas été emballée, car je trouvais le style de Peretz très vieille Europe - bon, c'est un polonais né en 1852! Et cette première histoire (L'errance dans le désert) me semblait très éloignée de moi. Pour finir, je sentais qu'il me manquait des clés pour savourer toute la portée de ce récit inscrit dans un contexte biblique. Et puis une douce musique m'a incitée à poursuivre. Elle me disait de passer outre, de me débarrasser de ce corset. Alors j'ai lu des passages qui me troublaient et résonnaient fortement en moi. Surprise: ils étaient en fait nombreux ! Par la suite, ma lecture en a été bien plus agréable et très enrichissante. Car l'ensemble est court, mais dense. Il m'est souvent arrivé de reprendre une histoire non pas parce qu'elle m'était apparue absconse, mais pour sa grande subtilité. En lisant la dernière nouvelle (Espoir et crainte), je me suis dit qu'on devrait obliger ceux qui aspirent à des fonctions politiques à la méditer. On y trouve des passages géniaux, terme qui s'applique ici au sens strict.

Un livre qui mérite qu'on s'y intéresse. Sa lecture ne peut que fortifier à tout point de vue.

La phrase que je retiendrai se trouve page 80: "Tout homme se promène avec au cœur des êtres réincarnés."

samedi 14 novembre 2020

Mon père et ma père

 

Aharon Appelfeld, éditions de l'Olivier, 304 pages


Présentation:


C'est l'été 1938 en Europe centrale. Et comme chaque année ils sont là, sur la rive, en villégiature.

Il y a Rosa Klein, qui lit dans les lignes de la main. Mais peut-on se fier à ses prédictions ? Et Karl Koenig, l'écrivain. Pourquoi fréquente-t-il les autres vacanciers au lieu de consacrer toute son énergie au roman qu'il est en train d'écrire ? Qui sont vraiment " l'homme à la jambe coupée " et la jeune femme amoureuse que tous les Juifs appellent par l'initiale de son prénom ? Et le père et la mère d'Erwin, l'enfant si sensible à l'anxiété de ceux qui l'entourent ?

Dans ce roman magistral publié quelques années avant sa mort, Aharon Appelfeld tisse les questions intimes, littéraires et métaphysiques qui l'ont accompagné toute sa vie. Sous sa plume, ces dernières vacances avant la guerre sont le moment où l'humanité se dévoile dans ses nuances les plus infimes, à l'approche de la catastrophe que tous redoutent sans parvenir à l'envisager.

Traduit de l'hébreu par Valérie Zenatti.


Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️❤️

Commentaire spontané:

Laisser lentement les mots infuser et se délecter…

Mon père et ma mère (qui est la traduction littérale du titre hébreu אבי ואמי) est un coup de cœur. Comme dans Des jours d'une stupéfiante clarté ou dans Histoire d'une vie, je suis fascinée par la limpidité des phrases qui, telles des flèches, vont droit au cœur. Lire Aharon Appelfeld me donne l'impression de retrouver quelque chose de familier, et qui n'est plus.

Page 32: "L'écrivain n'est pas un être qui contient en lui la sagesse du monde, mais un être relié aux visions premières dans lesquelles il puise sa vitalité."


mercredi 4 novembre 2020

Ourse et Lapin, Tous à l'abri !

 

Julian Gough et Jim Field, Castor Flammarion romans, 112 pages

Résumé:

Un matin d’automne, Ourse et Lapin font une découverte inquiétante : les arbres ont été DÉVORÉS.

Pour Lapin, seul un Monstre peut être à l’origine de ce désastre. Mais si les intentions de la créature n’étaient pas si mauvaises, après tout ?

Combien ce livre a fait battre mon cœur:  ❤️❤️❤️❤️

Commentaire spontané:

Adorable! Des illustrations qui m'ont immédiatement replongée dans certains de mes livres d'enfance. L'histoire est bien ficelée. Une réussite.

dimanche 1 novembre 2020

Les époux Orlov

 

Maxime Gorki, Allia, 126 pages


Présentation:


Grégoire Orlov souffre, boit, et rosse. Son mariage s’est usé en même temps que ses muscles. Martha Orlov, à côté du vide et de l’ennui de leur misérable existence, encaisse les coups du destin avec ceux de son mari.

L’air empuanti de leur immeuble couve le choléra. L’épidémie réveille bientôt chez Grégoire un instinct d’héroïsme qui va le pousser à soigner les malades. Cette vocation soudaine guérit un temps les déchirements du couple… jusqu’à ce que ressurgisse la nature taciturne du mari. Incapable de satisfaire sa soif d’absolu, Grégoire Orlov s’en remettra à sa soif de vodka.

Maxime Gorki offre avec Les Époux Orlov un récit emblématique, proche du naturalisme. Sous sa plume, le drame de ces travailleurs russes finit par revêtir la puissance d’une tragédie antique.

Né en 1868 à Moscou dans une famille modeste, Maxime Gorki effectue divers métiers et apprend à écrire en autodidacte. D’abord journaliste, il connaît la popularité avec ses récits décrivant le quotidien des classes populaires russes. Il est notamment l’auteur des Bas-fonds, paru en 1902. Il se rallie au marxisme et s’exile face à la répression du régime tsariste. Il s’engage dans la révolution de 1917, mais s’exile à nouveau. Il revient définitivement en URSS en 1932 et meurt à Moscou en 1936.


Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️

Commentaire spontané: Terrible destin que celui de ces époux dont on ne sait jusqu'à la fin s'ils s'en sortiront ou pas, ensemble ou non. Témoignage émouvant d'une époque marquée par le choléra, l'alcool, et des conditions de travail abrutissantes et bestiales. Je me suis beaucoup attachée aux personnages. Celui de la femme peut encore aujourd'hui symboliser l'oppression de toutes les femmes à travers le monde.

Le chat chelou venu d'ailleurs

 

J.M. Erre, Rageot, 160 pages

Résumé:

Un drôle de chat apparaît chez Zazie… Il serait la copie conforme de son chat Roudoudou s’il n’avait une oreille écrabouillée, les yeux d’un jaune fluo bizarre et le langage d’un troubadour  ! Il boude lait et croquettes pour dévorer les plastiques, laper les pots d’échappement et se régaler de poteaux électriques. D’où sort Cachou, ce chat chelou ? Bientôt, une idée géniale germe dans la tête de Zazie : utiliser Cachou pour sauver la Terre…

 Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️

Commentaire spontané: Grâce à l'écriture pétillante de J.M. Erre, jai passé un très bon moment, ce qui n'est pas rien actuellement.


mardi 13 octobre 2020

Efface toute trace

 

François Vallejo, Viviane Hamy, 294 pages


Présentation:


« Vous m’avez sollicité comme expert renommé dans mon domaine, exigeant de moi la plus extrême discrétion. Des incidents récents, distants dans l’espace, vous inquiètent et justifient que vous ayez recours à mes services. Vous attendez de moi que je contribue à préserver votre sécurité. Les conclusions suivront. »

Face aux violents décès de trois amateurs d’art fortunés à Hong Kong, New York et Paris, un groupe de collectionneurs surnommé le « consortium de l’angoisse », charge un expert d’élucider ces incidents étranges. Sa mission ? Rassembler l’ensemble des faits connus et mener sa propre enquête. Le temps presse car de nouveaux accidents surviennent.

Une piste se dégage. Les victimes auraient fait l’acquisition d’œuvres subversives signées « jv ». L’artiste, un Orson Welles mâtiné d’un Bansky, obsédé par le détournement, est introuvable. Jusqu’au jour où il décide de joindre l’expert...

Provocation ? Bluff ? Falsification ? Serial artiste doublé d’un serial killer ?

Qu’est-ce qu’un chef-d’œuvre ? Que signifie être artiste au sein de nos sociétés capitalistes et dématérialisées ? François Vallejo avec Efface toute trace embarque son lecteur au cœur d’une enquête palpitante où les apparences sont autant de trompe l’œil s’éclairant les uns les autres. Talentueux et féroce.


Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️

Commentaire spontané: 

Encore un très bon roman de François Vallejo, que je suis depuis son premier livre paru chez Viviane Hamy en 1998: Vacarme dans la salle de bal.

Le romancier se renouvelle avec cette fois une réflexion sur l'Art moderne. Il transperce nos certitudes, nous confronte aux failles du système. Très instructif… et d'un style de haut vol!

dimanche 11 octobre 2020

Broadway

 

Fabrice Caro, Gallimard Sygne, 208 pages


Résumé:


La vie n'est pas une comédie musicale. Une femme et deux enfants, un emploi, une maison dans un lotissement où s'organisent des barbecues sympas comme tout et des amis qui vous emmènent faire du paddle à Biarritz… Axel pourrait être heureux, mais fait le constat, à 46 ans, que rien ne ressemble jamais à ce qu'on avait espéré. Quand il reçoit un courrier suspect de l'Assurance maladie, le désenchantement tourne à l'angoisse. Et s'il était temps pour lui de tout quitter ? De vivre enfin dans une comédie musicale de Broadway ?Après Le Discours, Fabrice Caro confirme son talent unique de prince de l'humour absurde et mélancolique.


Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️

Commentaire spontané: Une franche partie de rigolade qui parle de nos angoisses les plus intimes, nos comportements les plus vils, nos souvenirs les moins bien digérés - et la liste n'est pas exhaustive.

Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai éclaté de rire, faisant sursauter les chers lapinoux qui me tiennent compagnie.

samedi 3 octobre 2020

Beyrouth entre parenthèses

 

Sabyl Ghoussoub, L'antilope, 144 pages


Présentation:

Il est défendu à un citoyen libanais de se rendre en Israël. Mais le narrateur, un jeune photographe franco-libanais, décide d’enfreindre la loi de son pays et ne pas suivre l’avis de sa famille. Arrivé à l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv, il subit un interrogatoire de plusieurs heures. Les questions fusent et se répètent. « Comment s’appelle votre mère ? Comment s’appelle votre père ? Comment s’appelle votre grand-père ? Comment vous appelez-vous ? » Des questions qui reviennent comme une berceuse et qui voudraient obliger le narrateur à se définir de manière définitive. Lui qui avait pensé faire ce voyage pour mettre de côté sa part libanaise, mettre Beyrouth entre parenthèses…


Après Le nez juif, Sabyl Ghoussoub revient avec le récit de ce voyage interdit, un livre plein d’humour, de tendresse et parfois de colère.

 

Extrait du roman

« Sur les photos, les personnes en keffieh, ce sont des Palestiniens ?
– Non, ma famille.
– Votre famille, ce sont des Palestiniens ?
– Non, des Libanais.
– Pourquoi alors les avoir couverts d’un keffieh palestinien ?  »

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️

Commentaire spontané:

Un livre qui rappellera quelques souvenirs à ceux qui ont déjà atterri à l'aéroport Ben Gourion.

J'ai lu d'une traite ce témoignage au ton corrosif.

L'auteur, photographe, y décrit l'absurdité de certaines situations auxquelles il a été confronté en posant le pied sur le sol israélien. Avec lui, à travers différents facteurs (la langue, le physique, l'éducation, la famille, etc.), nous nous interrogeons sur le déterministe qui affirme l'appartenance bien avant la naissance.

L'anecdote de la fin est extraordinaire et résume parfaitement la situation ubuesque dans laquelle vit l'humanité.


Incidents au fond de la galaxie

 

Etgar Keret, éditions de L'olivier, 240 pages


Résumé:

Dans un cirque, un employé chargé de nettoyer les cages des animaux accepte d'être envoyé dans le ciel comme un boulet de canon ; le jeune pensionnaire d'un étrange orphelinat découvre qu'il est un clone d'Adolf Hitler créé pour venger les victimes de la Shoah ; un accidenté de la route perd la mémoire et se retrouve dans une pièce virtuelle avec une femme virtuelle, à moins que ce ne soit l'inverse...

Facétieuses, corrosives et incroyablement brillantes, les vingt-deux nouvelles d'Incident au fond de la galaxie nous immergent dans l'univers " keretien ", où le virtuel et le fantastique viennent subtilement troubler la réalité pour faire surgir de profondes réflexions sur le deuil, la solitude et les stigmates de l'Histoire.

Traduit de l'hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️

Commentaire spontané:

Première incursion dans l'univers de cet écrivain. Certaines de ces 22 nouvelles sont de vraies pépites, comme Tabula rasa qui met en scène un clone expiatoire de Hitler. J'avoue avoir été chamboulée par l'absurdité brutale du Lézard des glaces, qui parle d'un programme d'enrôlement d'adolescents comme militaires. En se rendant sur des scènes de guerre à travers la planète, ils ont l'occasion de collecter des trophées uniques (un peu sur le principe des Pokémons). Ils ont aussi l'occasion d'y rester...

jeudi 1 octobre 2020

Rouge tango

 

Charles Aubert, Slatkine et Cie, 315 pages

Résumé:

Le nouveau polar doux de l'auteur de Bleu Calypso.
Une enquête au cœur du paradis troublé d'un Sud méconnu.

Niels Hogan s'est retiré loin du monde. Dans sa cabane de pêcheurs, au cœur d'un Sud encore sauvage, il fabrique des leurres pour la pêche. Quarantenaire bourru, il n'a que peu d'amis : son voisin Vieux Bob, pêcheur lui aussi, la fille de Bob, la détonante Lizzie, et le jeune geek Malik.
Alors, quand ce dernier est porté disparu et que la police retrouve du sang chez lui, puis le cadavre d'un inconnu, il n'en faut pas plus pour que notre héros ordinaire reprenne du service.
Accompagnés du capitaine Malkovitch, Niels, Lizzie et Vieux Bob vont tout mettre en œuvre pour retrouver leur ami. Leur enquête les conduira sur la piste d'une vieille affaire liée au grand banditisme marseillais. De dangereux personnages viendront s'inviter à la fête, et troubler la vie si paisible que Niels s'est choisie.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️

Commentaire spontané: Confirmation: j'aime énormément l'univers de Charles Aubert. Ses personnages sont attachants, l'intrigue est parfaite, mais de mon point de vue, ce polar vaut surtout le détour pour son ambiance. Deux raisons à cela: l'intrigue campée dans l'arrière-pays sétois et la plume inspirée de Charles Aubert avec une kyrielle de jolies trouvailles à faire pâlir d'envie l'auteure que je suis.

dimanche 6 septembre 2020

Océan Mer

 

Alessandro Baricco, Folio, 288 pages


Résumé:

Au bord de l'océan, à la pension Almayer, «posée sur la corniche ultime du monde», se croisent sept personnages au destin étrange et romanesque, sept naufragés de la vie qui tentent de recoller les morceaux de leur existence. Mais leur séjour est bouleversé par le souvenir d'un hallucinant naufrage d'un siècle passé et la sanglante dérive d'un radeau. Et toujours, la mer, capricieuse et fascinante...Avec une époustouflante maîtrise, Alessandro Baricco nous offre à la fois un roman à suspense, un livre d'aventures, une méditation philosophique et un poème en prose.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️

Commentaire spontané: Malheureusement, les circonstances ont fait que j'ai été dans l'incapacité de lire ce livre avec assez de concentration pour en savourer sa construction. Je crois que je suis passée à côté de quelque chose. Dommage. 

vendredi 28 août 2020

Brexit Romance

 

Clémentine Beauvais, J'ai lu, 544 pages


Résumé:

Juillet 2017. À l'heure où la jeunesse britannique déplore les conséquences du Brexit, l'électrique Justine Dodgson décide de faire du divorce entre l'Angleterre et l'Union européenne son fonds de commerce. Ainsi naît Brexit Romance, une agence matrimoniale 2.0 ultra-secrète qui arrange des mariages blancs entre Français et Anglais. Âmes sentimentales s'abstenir : ici, l'obtention du passeport européen tient lieu de bague de fiançailles, et l'Eurostar de voyage de noces. Un business plan imparable... Jusqu'à ce qu'une jeune soprano française, son charmant professeur de chant, un lord anglais flamboyant et bien d'autres prouvent à Justine que, malgré tous ses calculs, romance is not dead.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️

Commentaire spontané: Que de passages désopilants! Je ne regrette pas cette lecture d'été.

L'homme gribouillé

 

Serge Lehman, Frederik Peeters, Delcourt, 328 pages


Résumé:

Dans un Paris suffoqué par les pluies diluviennes, une mère et sa fille se lancent sur la piste d'un extraordinaire secret de famille... Serge Lehman et Frederik Peeters au sommet de leur art.à 40 ans passés, Betty Couvreur vit dans l'ombre de sa mère Maud, auteur de livres pour enfants. Pourtant, depuis des années, Maud subit l'emprise d'un terrifiant maître-chanteur, Max Corbeau. Betty l'apprend et se retrouve projetée dans une quête des origines en compagnie de sa propre fille, Clara. Voyage initiatique au pays des monstres et des merveilles avec au bout, peut-être, un secret venu du fond des âges.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️

Commentaire spontané: Une BD très riche qui abonde en références. 

Un repas en hiver


Hubert Mingarelli, 128 pages, J'ai lu

Présentation:

Dans ce nouveau roman, Hubert Mingarelli met en scène des soldats d’une compagnie isolée en Pologne, dont la mission est impossible. Soit ils participent chaque jour aux exécutions sommaires, soit ils sont envoyés dans la campagne alentour pour en ramener « un », c’est-à-dire un Juif, qu’ils devront ensuite livrer à leur supérieur et donc à la mort.
Trois hommes, las des fusillades, prennent la route un matin, et avancent péniblement dans la neige, le ventre vide et les pensées tournées vers leur vie civile, sans autre choix que de prendre part à une chasse à l’homme à laquelle ils ne croient pas.
Ce jour-là, ils débusquent presque malgré eux un Juif caché dans la forêt et, soucieux de se nourrir et de retarder leur retour au camp, ils vont procéder dans une maison abandonnée à la laborieuse préparation d’un repas avec le peu de vivres dont ils disposent. Les hommes doivent trouver de quoi faire du feu et réussir à porter à ébullition une casserole d’eau. Ils en viennent à brûler le banc sur lequel ils sont assis, ainsi que la porte derrière laquelle ils ont isolé le Juif. Le tour de force d’Hubert Mingarelli constitue à mettre autour d’une table trois soldats allemands, un jeune Juif et un Polonais de passage dont l’antisémitisme affiché va, contre toute attente, réveiller chez les soldats un sentiment de fraternité vis-à-vis de leur proie.
Se posent alors des questions monstrueuses : Faut-il proposer au Juif de manger ? Et, une fois le repas partagé, faut-il le ramener ou le libérer ?
C’est ici qu’Hubert Mingarelli, dans son style sobre et précis, met le lecteur face à sa conscience et la logique meurtrière à laquelle sont soumis ces hommes. En convoquant la peur, la raison, l’espoir, la folie et l’humanité contenus en chacun d’entre nous.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Bingo! Je remercie l'amie qui m'a parlé de ce livre: il tombe pile poil dans mes centres d'intérêt. 

vendredi 31 juillet 2020

Une ville de papier


Olivier Hodasava, 144 pages, L'inculte

Résumé:

Etats-Unis, année trente. L’industrie automobile fait la pluie et le beau temps de l’économie américaine. Le pays, gigantesque, s’offre à des routes rectilignes qui en traversent chaque état. Les citoyens s’équipent en nouveaux modèles, le crédit marche à flot, les autoroutes fleurissent, les stations-services éclosent. Afin d’encourager ces trajets qui enrichissent géants du pétrole et adeptes du fordisme automobile, on offre à tour de bras des cartes autoroutières aux conducteurs. Et pour s’assurer qu’elles ne sont pas copiées par des concurrents, on y place des fausses villes en guise de signature invisible, des «villes de papier». Desmond Crothers, jeune cartographe, conçoit une telle carte de l’état du Maine pour Esso. Mais sa ville aura un tout autre destin : elle existera vraiment, une fois qu’un commerçant obstiné décidera de la fonder quelques années plus tard, comme pour valider cette ville imaginaire. Autour de ce monde qui prend forme, on croise des cartographes, une violoniste au destin tragique, Stephen King, des acteurs venus pour y tourner un épisode de «Twilight Zone», des amoureux qui n’ont que ce territoire pour s’épancher.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️
Commentaire spontané:
Le sujet est original et l'enquête agréable à suivre, avec quelques rebondissements inattendus. Un bon livre pour commencer les vacances.

mardi 28 juillet 2020

Les services compétents


Iegor Gran, 304 pages, P.O.L

Ce qu'en dit l'éditeur:

Les Services compétents, ce sont les services du KGB dans les années 1960 en Union Soviétique. Le lieutenant Ivanov traque un certain Abram Tertz, pseudonyme choisi par un drôle d’écrivain qui s’échine à faire passer ses nouvelles fantastiques en Occident. Il sera identifié après six longues années d’une enquête souvent dérisoirement cocasse : de son vrai nom André Siniavski, avec sa femme, Maria Rozanova. Ce sont les parents du narrateur.

Pour écrire ce roman, Iegor Gran s’est lancé depuis plusieurs années dans un important travail de documentation. Il raconte ainsi le dégel post-stalinien. Depuis 1958 et l’affaire Pasternak, on s’interroge : quel est le bon dosage de la répression ? Siniavski est arrêté en 1965 et condamné à 7 ans de goulag. Libéré en 1971, il émigre en France en 1973. Son procès marque le début du « refroidissement brejnévien » et du mouvement dissident.
Les Services compétents, c’est donc le roman vrai et satirique de cette histoire intime et collective, écrit aujourd’hui par le fils de Siniavski, né l’année même de l’arrestation de son père. Les traîtres côtoient les dissidents comme les thuriféraires et les Tartuffes du système. De fausses pistes loufoques trompent les zélés défenseurs de l’idéal socialiste qui ont fort à faire dans leur combat. La culture occidentale s’introduit en fraude un peu partout. La dépouille de Staline est retirée de son mausolée. Gagarine reçoit en récompense de son exploit spatial une invraisemblable liste d’objets ménagers. Et une géniale absurdité contamine tout.

 

Iegor Gran est né en 1964 à Moscou sous le nom de Iegor Siniavski. Son père Andreï Siniavski, dissident soviétique, est arrêté par le KGB en 1965 et condamné à 7 ans de Goulag. Libéré, sa famille s’installe en France. Grand Prix de l’humour noir en 2003, Iegor Gran a publié 13 livres aux éditions P.O.L.



Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané:
Ce livre est servi par un remarquable travail de documentation. S'il nous offre une incroyable plongée dans l'univers du renseignent soviétique, il nous parle aussi de la vie des citoyens ordinaires. On comprend leur endoctrinement, leur impossibilité de penser en dehors du système. L'auteur nous permet de comprendre aussi, pour certains, leur désobéissance comme acte de résistance. Comme dans tous les livres de Iegor Gran, le ton est drôle, ce qui en rend le propos d'autant plus terrible…

samedi 25 juillet 2020

Sur la scène intérieure


  Marcel Cohen, 160 pages, Folio

Ce qu'en dit l'éditeur:

«Je sais bien que les objets familiers sont synonymes d’aveuglement : nous ne les regardons plus et ils ne disent que la force de l'habitude. Mais le coquetier, dans le placard à vaisselle, et ne serait-ce que de façon très épisodique, a eu bien des occasions de susciter quelques bouffées de tendresse à l’égard de Marie. Je me dis qu’on ne conserve pas un objet aussi modeste, et aussi défraîchi, pendant soixante-dix ans sans de sérieuses raisons.»
Marcel Cohen.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️
Commentaire spontané:
Sur les conseils de mon libraire - qui commence à bien me connaître! -, j'ai découvert ce petit bijou de Marcel Cohen, auteur que je n'avais jamais lu.
Sur la scène intérieure est typiquement un livre dont la portée ne m'aurait pas frappée si je l'avais ouvert ne serait-ce que dix ans auparavant. Oui, je serais passée totalement à côté, je l'avoue humblement. Je n'aurais pas saisi l'importance de cette plongée dans les menus détails de la vie de ceux qui nous ont quittés (de manière aussi soudaine que dramatique pour Marcel Cohen), un univers de souvenirs minuscules qui prend valeur de fondation. C'est à un voyage de ce type auquel nous sommes conviés.
En refermant ce livre, j'ai soudain eu envie de me procurer le plus beau cahier qui soit pour y consigner les faits concernant mes propres grands-parents…

lundi 20 juillet 2020

Affaires personnelles

Agata Tuszynska, 448 pages, L'antilope

Résumé éditeur:

Qui s’en souvient ? En 1968, la Pologne a de nouveau été traversée par une campagne antisémite, cette fois, orchestrée par le pouvoir communiste.
Toute une génération – ou presque –, celle qui a environ vingt ans à ce moment-là, se retrouve obligée de partir, n’emportant que très peu d’« affaires personnelles ».
Cinquante ans plus tard, Agata Tuszyńska va à la rencontre de celles et de ceux qui ont dû quitter leur pays et se sont exilés à travers le monde. En réunissant d’émouvants témoignages, elle nous fait entrer au cœur de cette génération de Juifs, souvent enfants de la nomenklatura communiste, ignorant pour la plupart leur judéité et le passé de leurs parents.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: 
Parfois, un livre remplace des années de thérapie. C'est exactement l'effet que ce livre m'a fait. Il m'a apporté les clés d'un monde que je croyais ne pas connaître. Et pourtant si: depuis toujours, tout était déjà là, sous mes yeux, mais personne n'avait su me l'expliquer. Je n'ai pas de mots pour exprimer ma reconnaissance à Agata Tuszynska pour ce formidable travail de mémoire, et aux éditeurs de l'Antilope sans qui certains francophones resteraient suspendus à leur douleur. 

dimanche 12 juillet 2020

L'ange et le violoncelle


Claire Renaud, Fleuve Eds, 192 pages

Présentation:

" Quel charme ! Une déclaration d'amour sur le pouvoir des mots. " Anne-Laure Bondoux, auteure de Et je danse, aussi

"Une relation magnifique sur l'apprentissage de la paternité." Avantages

"Ce roman c'est comme une caresse, il vous emporte doucement et vous emplit de bonheur parce que c'est beau, simple, touchant, bouleversant de voir la transformation de Joseph au contact de ce petit être." Sandrine Dantard, Fnac Grenoble

Joseph travaille au service des objets trouvés de la gare de l'Est. Plutôt taiseux et renfermé, il occupe ses journées à rêver la vie des autres et à ne pas vivre la sienne. Un soir, tandis qu'il fait la tournée des trains arrêtés au garage, il est attiré par des bruits inhabituels... et découvre sous un siège un bébé abandonné dans un couffin. Touché plus qu'il ne voudrait l'être, il se résout à le ramener chez lui. Juste pour une nuit. Mais le lendemain, alors qu'il s'apprête à confier l'enfant aux services sociaux, l'émotion l'envahit. C'est une évidence : il ne peut pas le laisser ici.
Alors, pour la première fois, une histoire entre dans la vie de Joseph.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: 
Ados, adultes, voilà un livre rassembleur susceptible d'enchanter toute la famille. 
Il y est question d'un bébé trouvé dans un train,  d'un réceptionniste taiseux qui travaille aux objets trouvés, et de bien d'autres choses encore. Qui est l'ange? Pourquoi le violoncelle? Les réponses ont une portée plus profonde qu'il n'y paraît.
Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Amélie Poulain... parce que ce livre m'a fait un bien fou!
Une excellente lecture pour  commencer l'été.

mardi 7 juillet 2020

Turbulences


David Szalay, Albin Michel, 198 pages

Présentation par l'éditeur:

« Un livre magistral, d'une intensité saisissante. »
The Washington Post

Douze vols, douze voyageurs en transit à travers la planète, douze destins individuels liés les uns aux autres. Après Ce qu'est l'homme, finaliste du Man Booker Prize, l'écrivain britannique David Szalay nous emmène aux quatre coins du monde, explorant ce lieu de passage par excellence qu'est l'aéroport. De Londres à Madrid, de Dakar à São Paolo, à Toronto et à Doha, ce sont des fragments d'existence qui tissent le récit pour finalement se rejoindre. Avec une impressionnante économie de moyens et une grande subtilité, Szalay en saisit l'essence, captant chez chacun de ces êtres, en suspens à des milliers de mètres d'altitude, les zones de turbulences auxquelles la vie les expose.
En offrant une vision panoramique en perpétuel mouvement, Turbulences esquisse un portrait de l'humanité en temps de crise, et nous interroge sur notre place et notre rapport aux autres dans ce vaste réseau interconnecté qu'est le monde d'aujourd'hui.

Rabat bio

David Szalay, né en 1974 à Montréal et élevé à Londres, vit à Budapest. Il a été sélectionné par Granta comme l'un des romanciers britanniques les plus talentueux de sa génération. Son précédent roman, Ce qu'est l'homme, traduit dans une quinzaine de langues, a été récompensé par le Plimpton Prize for Fiction et le Gordon Burn Prize. Turbulences, qui a rencontré un immense succès critique en Grande-Bretagne et aux États-Unis, confirme sa singularité sur la scène littéraire anglo-saxonne.


Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️
Commentaire spontané:
Un livre malin qui aborde des tas de thèmes sociétaux en un temps record, mais à mon avis, un livre vite lu et vite oublié.
Sur le même principe, l'auteur aurait pu développer un peu plus les personnages et leurs situations. Le parti pris, qui était sans doute de montrer que la vie moderne aspire les évènements dans son vortex insatiable, qu'il se passe sans cesse quelque chose qui s'imbrique dans autre chose, je le comprends, mais il m'est vraiment resté un goût de trop peu en refermant ce livre, c'est pourquoi j'ai envie de dire à David Szalay que sur ce coup-là, il a été un peu léger.

dimanche 5 juillet 2020

L'aveuglement


 José Saramago, Prix Nobel de littérature, Points, 384 pages

Présentation:

" José Saramago nous raconte qu'il faut parfois devenir aveugle pour réussir à voir la face cachée et essentielle des choses. Un beau livre plein d'espoir. "
Télérama

Un homme devient soudainement aveugle. C'est le début d'une épidémie qui se propage à une vitesse fulgurante à travers tout le pays. Mis en quarantaine, privés de tout repère, les hordes d'aveugles tentent de survivre à n'importe quel prix. Seule une femme n'a pas été frappée par la " blancheur lumineuse ". Saura-t-elle les guider hors de ces ténèbres désertées par l'humanité ?

Né en 1922 et décédé en 2010, José Saramago, écrivain portugais, a reçu le prix Nobel de littérature en 1998. Son œuvre est traduite dans le monde entier. Ses romans sont disponibles chez Points.
Traduit du portugais par Geneviève Leibrich.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané:

J'ai lu ce livre dans le cadre d'un club de lecture.

Après plusieurs livres  d'affilée sur la période nazie, je pensais laisser de côté le thème des camps en m'attaquant à L'aveuglement, mais ô surprise, ce livre m'a replongée directement dans l'univers concentrationnaire et dans sa brutalité déshumanisée.
Les personnages ne sont jamais nommés; en cela, ils sont d'autant plus représentatifs de toute l'humanité en souffrance.
Dans ce livre, l'auteur nous montre avec brio que quand un rouage de notre mécanique quotidienne se grippe, ce sont tous les principes acquis au cours de siècles de civilisation qui sont remis en cause. Cela fait froid dans le dos…
Par cette longue allégorie, l'auteur nous pousse à nous demander si nous-mêmes nous ne sommes pas atteints par le mal qu'il décrit. En effet, nos yeux intacts voient-ils vraiment ce qu'ils devraient voir? Et soudain, de réaliser que répondre à cette question est une gageure, tant le champ des explorations est vaste. Chacun peut y aller de sa bataille personnelle (pour ma part, je trouve que l'on est aveugle aux souffrances animales, par exemple).
Un livre dont je ne regrette absolument pas la lecture et qui rentre directement dans ma bibliothèque idéale. (Yes!!!)





jeudi 2 juillet 2020

Le détour

 Luce d'Eramo, Le tripode, 419 pages

Présentation de l'éditeur:

"Peut-être un chef-d'œuvre absolu" selon Goliarda Sapienza, un nouveau classique à ranger aux côtés des livres de Charlotte Delbo et de Ruth Klüger.
Le destin stupéfiant d'une adolescente idéaliste faisant volontairement l'expérience des camps nazis.
Publié pour la première fois en 1979, Le Détour est le fruit de vingt-cinq années d'écriture. Il relate le parcours de Luce d'Eramo qui, élevée dans une famille de dignitaires fascistes, partit de son propre chef en Allemagne en 1944 pour intégrer un Lager, un camp de travail nazi. S'il demeure méconnu en France, Le Détour rencontra immédiatement en Italie un immense succès et connaît depuis quelques années une nouvelle vague de traductions dans le monde entier. La force et l'acuité de ce texte – qui traque aussi sans complaisance les travestissements de la mémoire – le rattachent de fait aux plus grands témoignages de femmes sur l'expérience des camps, tels ceux de Charlotte Delbo et de Ruth Klüger.
Nous devons la découverte de ce livre à ce passage des Carnets de Goliarda Sapienza : " Fini de lire Le Détour de Luce d'Eramo, assurément le plus beau livre de ces dix dernières années et peut-être un chef-d'œuvre absolu ; cela m'obligera à relire Si c'est un homme et Le Dernier des Justes, pour vérifier ce que je soupçonne. C'est-à-dire que le livre de Luce est le plus actuel sur ce sujet, le plus durement approfondi dans la démonstration de l'aventure nazie, le plus polémique et courageux. "
L'originalité du Détour tient de fait à ce que vécut Luce d'Eramo durant la Deuxième Guerre mondiale mais aussi au difficile processus de remémoration dans lequel elle s'engagea par la suite, et dont le livre témoigne. Les textes qui composent ce récit ont été écrits successivement en 1953, 1954, 1961, 1975 et 1977. Ils sont présentés dans l'ordre chronologique de leur rédaction, et non dans celui des événements qu'ils décrivent. La confusion qui en découle parfois répond à celle que connut Luce d'Eramo, aux esquives de sa mémoire et aux détours qu'elle emprunta avant de retrouver la cohérence de son histoire.
À sa publication en Italie, en 1979, le livre rencontra des centaines de milliers de lecteurs. En se plongeant dans ce texte, il revient au lecteur francophone de vivre à son tour – au-delà de l'histoire stupéfiante d'une adolescente idéaliste faisant volontairement l'expérience des camps nazis – l'expérience d'une femme en quête de sa vérité.



Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️
Commentaire spontané: 
Ecrites à des années d'écart, les différentes parties de ce long témoignage n'ont pas résonné en moi de la même façon. Ainsi, j'ai lu comme sous hypnose Sous les pierres et Arrivée dans le Troisième Reich, qui sont les deux parties centrales. En revanche, la première partie (Evasion des lager) a mobilisé toutes mes connaissances de l'univers concentrationnaire et de la mécanique nazie, car de nombreux points sont passés sous silence. L'auteure ne nous tient pas la main pour nous expliquer de quoi il retourne, c'est le moins que l'on puisse dire. Tout est haché, on a l'impression de sauter du coq à l'âne. En tant que lectrice, je me suis sentie comme une boule de flipper: bousculée et désorientée. L'auteure, qui a expérimenté dans sa chair cette désorientation, en rend-elle compte dans son écriture, même inconsciemment? Si l'on en croit la dernière partie, La distorsion, il semble judicieux d'envisager les choses ainsi. Concernant La distorsion, si j'y ai trouvé matière à bien des réflexions passionnantes (notamment sur la sélection inconsciente des souvenirs - mettre en lumière tel souvenir, délaissant tout autre peu flatteur dans les limbes de la mémoire), j'avoue que c'est celle qui m'a le moins séduite.
De manière générale, ce témoignage est exceptionnel, tant par le fond que par la forme inédite qu'il a pris.