mercredi 29 avril 2020

Les mots de Mo'

Anne Loyer, illustrations: Arnaud Nebbache, Kilowatt, collection Les Kapoches, 48 pages

Présentation de l'éditeur:

Moi, c'est Mona, mais on m'appelle Mo' ! Ça rime avec « rigolo », mais aussi avec « mots ». Et c'est là que ça se gâte, car j'ai un problème avec eux. Pas pour les dire ou les chanter… Pour les écrire : zéro pointé à toutes mes dictées ! Heureusement il y a le dessin, parce que les mots, on peut aussi les mettre en images.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Voilà un petit roman dont le thème saura toucher le plus grand nombre. En effet, de nos jours, quel enfant n'a pas rencontré de problèmes avec l'orthographe?
J'ai retrouvé avec bonheur la fraîcheur et la fantaisie d'Anne Loyer. Chaque phrase suscite un brin d'admiration (bientôt le 1er mai, et à défaut de muguet…) en offrant de jolies associations de mots et d'idées. Un exemple? Page 8, on peut trouver:
[…] "discipline". En voilà un mot compliqué à écrire avec sa pente savonneuse en plein milieu qui me fait toujours glisser vers la faute.  

jeudi 23 avril 2020

Positif

Camille Genton, Jean-Claude Lattès, 288 pages

Présentation de l'éditeur:

Camille, vingt-cinq ans, entrepreneur à la tête d’une agence de communication, partage son temps entre soirées de fête excessives et projets ambitieux. Un soir de Nouvel An, il croise le chemin de Marc-Antoine, avec qui il vit un début d’idylle, en toute insouciance.
Deux semaines plus tard, alors que les deux amoureux décident de faire un test de dépistage de routine pour se prouver leur engagement, il apprend qu’il est séropositif.
Comment surmonter pareil choc ? Comment gérer les réactions de son partenaire et de ses proches, le choix du médecin et de la thérapie, les effets secondaires du traitement, et, plus largement, la stigmatisation qui accompagne les séropositifs au quotidien ?
Au fil de ce récit frappant, porté par une plume incisive, Camille Genton nous raconte étape par étape son apprentissage de la maladie, et son combat pour continuer à vivre et aimer normalement.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Je lis peu de témoignages. Celui-ci m'a entrainée dans un univers inconnu, et qui pourtant révèle toutes les failles de l'âme humaine, et l'homme dans ce qu'il a de meilleur. Instructif et pas mal écrit.

lundi 20 avril 2020

Les enténébrés

Sarah Chiche, Le Seuil, 368 pages

Présentation de l'éditeur:

Automne 2015. Alors qu’une chaleur inhabituelle s’attarde sur l’Europe, une femme se rend en Autriche pour écrire un article sur les conditions d’accueil des réfugiés. Elle se prénomme Sarah. Elle est aussi psychologue, vit à Paris avec Paul, un intellectuel connu pour ses écrits sur la fin du monde, avec qui elle a un enfant. À Vienne, elle rencontre Richard, un musicien mondialement célébré. Ils se voient. Ils s’aiment. Elle le fuit puis lui écrit, de retour en France. Il vient la retrouver. Pour Sarah, c’est l’épreuve du secret, de deux vies tout aussi intenses menées de front, qui se répondent et s’opposent, jusqu’au point de rupture intérieur : à l’occasion d’une autre enquête, sur une extermination d'enfants dans un hôpital psychiatrique autrichien, ses fantômes vont ressurgir. S’ouvre alors une fresque puissante et sombre sur l'amour fou, où le mal familial côtoie celui de l’Histoire en marche, de la fin du xixe siècle aux décombres de la Deuxième Guerre mondiale, de l'Afrique des indépendances à la catastrophe climatique de ce début de millénaire.
Sarah Chiche est écrivain, psychologue clinicienne et psychanalyste. Elle est l'auteur de deux romans : L'inachevée (Grasset, 2008) et L'Emprise (Grasset, 2010), et de trois essais : Personne(s), d’après Le Livre de l'Intranquillité de Fernando Pessoa (Éditions Cécile Defaut, 2013), Éthique du mikado, essai sur le cinéma de Michael Haneke (PUF, 2015), Une histoire érotique de la psychanalyse : de la nourrice de Freud aux amants d'aujourd'hui (Payot, 2018).
Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Drôle de sensation que celle d'entrer en résonance avec certains chapitres : la compréhension en est alors totale. C'est plus qu'une fusion intellectuelle, car le cœur s'y met aussi, jouant la même partition, formant unité, consensus autour des propos de l'auteure. Rien que pour ces moments, je suis heureuse d'avoir lu ce livre conseillé par ma libraire - qui prouve une nouvelle fois qu'elle me connaît bien!
Un bémol toutefois, il faut bien suivre, car les liens de parenté sont vite compliqués, l'histoire remontant sur plusieurs générations. Mais bon, ça vibre fort, très fort.

mardi 14 avril 2020

Et mon coeur transparent

Véronique Ovaldé, J'ai lu, 224 pages

Présentation de l'éditeur:

«La femme de Lancelot est morte cette nuit.» Sait-on jamais avec qui on vit? Lorsque Lancelot apprend la mort de sa femme, qu'il aimait à la folie, son univers s'écroule. Et il va vivre un «Très Grand Choc Supplémentaire» en découvrant qu'lrina n'était que mystères. Malgré la violence de son chagrin, Lancelot décide d'enquêter sur celle dont il ignorait tout, qui posait des bombes, qui était orpheline d'un père bien vivant, celle qui est morte dans la voiture d'un inconnu…

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️
Commentaire spontané: Bien que j'aie j'ai lu ce livre jusqu'au bout, je n'ai pas été véritablement séduite par l'écriture, et j'attendais plus de l'histoire, finalement. Peut-être qu'à mon niveau, ce livre fait les frais de sa trop forte médiatisation… 

dimanche 12 avril 2020

Bleu calypso


Charles Aubert, Pocket, 336 pages

Présentation de l'éditeur:

Il a pêché le saumon en Alaska, le brochet dans les lacs du Connemara. De sa passion, Niels a fait son métier. Et fui la ville pour une cabane sur l’étang des Moures, près de Sète.
Le kayak file en silence. Comme il étrenne son nouveau leurre – baptisé Bleu Calypso – le fil se tend… Un poisson, mais pas que. Au milieu des algues : un visage d’homme à la peau verte. C’est le troisième cadavre qu’on extrait de l’étang ces temps-ci, après l’ornithologue allemand et le pêcheur de dorades. Lignes posées. Mystère ferré. Il n’y a plus qu’à attendre…

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Le héros vit à l'écart de la société de consommation, ce qui fait prendre à ce polar un tournant inattendu, à mi chemin entre étude sociologique et démarche altermondialiste. L'action se situant dans les étangs au Sud de Montpellier, j'ai eu l'impression de prendre un grand bol d'air, ce qui, en période de confinement, m'a fait le plus grand bien. L'écriture est animée de métaphores plutôt rafraichissantes, et les personnages sont d'autant plus attachants que l'amitié tient une grande place dans l'histoire.
Pour conclure, j'ai passé un excellent moment dans l'univers troublé de cadavres des pêcheurs héraultais. Voilà un polar que je recommande, donc. Par ailleurs, Charles Aubert vient de sortir Rouge Tango. Je me procurerai ce livre après le confinement pour poursuivre avec cet auteur et retrouver les personnages de Niels et de Vieux Bob.

vendredi 10 avril 2020

La cité Potemkine ou les géométries de Dieu

Revzani,Actes Sud, 464 pages

Présentation de l'éditeur:

Sur les ruines d’une centrale nucléaire jadis dévastée par la catastrophe, se dresse désormais une cité radieuse. Et pour attester que tout danger est enfin écarté, on a convié là, dans un luxuriant décor de vergers et de fleurs, d’éminents scientifiques du monde entier. Mais le géologue Yeshayahou Fridmann, le biologiste Zef Zimmerstein, l’anatomiste Nini, l’entomologiste Eva Mada-Göttinger et la jeune pédiatre Tania Slansk ne peuvent un instant se dissimuler l’innommable vérité : le processus biologique s’est inversé, certaines espèces désévoluent. On raconte même que seraient tenus captifs, dans les laboratoires secrets de la Cité, entre les mains des brigades médicales du "Docteur Meng" (au surnom de sinistre mémoire) des enfants à l’apparence cyclopéenne, pourvus d’un œil frontal, et dont le corps serait moitié homme, moitié lézard…
Aussitôt s’enflamment l’imagination et l’enthousiasme intellectuel des "experts". Mais comment servir la science, quand l’objet d’études est si scandaleusement dérobé au scalpel de l’intelligence ? Que croire, quand l’information n’est qu’un entrelacs de conversations exaltées ? A qui se fier, quand chaque savant de la commission d’enquête semble hanté par un drame personnel, ou retenu par de troublantes considérations subjectives ?
Ivre de conjectures, voici l’Homo scientificus en son éden empoisonné : un artiste des manipulations génétiques, un démiurge de l’atome, un dissecteur patenté, un génie de la procréation artificielle, un contempteur d’éthique, un rival de Dieu et de ses œuvres, face aux arcanes des géométries divines et aux plus baroques improvisations du vivant.
Avec ces thèmes musicaux que sont nos incertitudes, avec les abominations du siècle et les mirages expérimentaux de demain — mais aussi avec l’humanisme d’un conteur philosophe —, Rezvani a composé un grand roman métaphysique et scientifique qui invite l’homme à "penser" la science, et à trouver peut-être un chemin autre que régressif dans le triomphe de sa ruse et dans la débâcle de ses utopies.
La Cité Potemkine n’est ni un texte millénariste ni un pamphlet antiscientifique. C’est (hélas) un roman dangereusement actuel, animé d’une pensée redoutable.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: Abandon
Commentaire spontané: Le thème avait tout pour me séduire, les premières pages étaient prometteuses. Mais ressasser les problèmes individuels dans une litanie sans fin a eu raison de mon intérêt. Dommage…

jeudi 9 avril 2020

Et si l'amour c'était aimer?

Fabcaro, Six pieds sous terre, 56 pages

Présentation de l'éditeur:

Henri et Sandrine forment un couple heureux et épanoui à qui tout réussit, jusqu'à ce qu'un jour apparaisse Michel, un brun ténébreux, qui va faire chavirer le cœur de Sandrine. Ensemble ils vont vivre une idylle aussi brûlante qu'interdite. Mais la vie est-elle toujours du côté de l'amour ? La passion n'est-elle pas qu'une feuille morte emportée par une brise d'automne ? L'Arc-en-ciel des sentiments ne finit-il pas toujours par disparaître derrière le nuage de la réalité ?

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Complètement absurde, et pourtant tellement vrai. On rit du début à la fin. Un modèle du genre!

dimanche 5 avril 2020

Novecento: pianiste

Alessandro Baricco, Folio, 96 pages

Présentation de l'éditeur:

«On me mettrait la tête en bas que rien ne sortirait de mes poches, même ma trompette, je l'ai vendue, j'ai tout vendu, quoi, mais cette histoire-là¿ non, cette histoire-là je ne l'ai pas perdue, elle est toujours là, limpide et inexplicable, comme seule la musique pouvait l'être quand elle était jouée, au beau milieu de l'Océan, par le piano magique de Danny Boodmann T. D. Novecento.» Né lors d'une traversée, Novecento n'a jamais mis le pied à terre. Il passe sa vie sur l'Atlantique les mains posées sur un piano, à composer une musique étrange et magnifique, qui n'appartient qu'à lui : celle de l'Océan.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Relecture.
Lu il y a quelques années, ce texte ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable. Autres temps, autres circonstances, j'ai tenté l'expérience de le relire pour voir si ma perception s'en trouvait modifiée. J'ai été agréablement surprise par cette redécouverte. Je me suis imprégnée de thèmes qui m'avaient échappé à l'époque: le bateau, loin d'être un enfermement, un piège, représente un cocon, un havre de paix, la possibilité d'une vie lisible en offrant au pianiste des conditions idéales d'épanouissement artistique. Le monde, par opposition, est opprimant, car trop vaste, trop encombré de choix impossibles. Une idée de relecture gagnante !

samedi 4 avril 2020

Emmaüs

Alessandra Baricco, Folio, 176 pages

Présentation de l'éditeur:

Quatre garçons, une fille : d'un côté, le narrateur, le Saint, Luca et Bobby, et, de l'autre, Andre. Elle est riche, belle, et elle distribue généreusement ses faveurs. Ils ont dix-huit ans comme elle, sont avant tout catholiques, fervents voire intégristes. Musiciens, ils forment un groupe qui anime les services à l'église et passent une partie de leur temps libre à assister les personnes âgées de l'hospice. Alors qu'elle incarne la luxure, Andre les fascine, ils en sont tous les quatre amoureux. La tentation est forte mais le prix à payer sera lui aussi considérable. Alessandro Baricco nous offre son récit le plus personnel, à la fois peinture de l'Italie des années 1970, roman d'apprentissage et subtile réflexion sur le réel et l'idéal.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Au début, l'histoire a l'air banale : voilà quatre ados coincés à cause de  leur foi. Et puis on comprend que cet état de fait va peser lourd dans le parcours de chacun. Je l'ai vue aussi comme l'histoire d'ados enfermés dans la confiance aveugle qu'ils portent à l'univers qu'ils ont toujours connu: ils ne se posent aucune question sur leurs parents, sur le lien qu'ils entretiennent les uns avec les autres, sur rien, finalement, acceptant leur sort sans rechigner, sauf peut-être quand il est trop tard. Cet aveuglement n'est-il pas, au fond, l'apanage de chacun de nous au moment de l'enfance?... En cela, cette histoire peut vraiment parler à tout le monde.
J'ai aimé le texte crescendo à mesure que je m'enfonçais dedans. Le sujet et son traitement sont très différents des autres livres que j'ai lus de cet auteur - plus intimiste, je trouve.

vendredi 3 avril 2020

L'art de perdre

Alice Zeniter, J'ai lu, 608 pages

Présentation de l'éditeur:

L'Algérie dont est originaire sa famille n'a longtemps été pour Naïma qu'une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée? Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu'elle ait pu lui demander pourquoi l'Histoire avait fait de lui un «harki». Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l'été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus de l'Algérie de son enfance. Comment faire ressurgir un pays du silence?

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Un livre dense qui oscille entre généalogie et sociologie, petite et grande histoire. L'installation des secrets de famille et l'étiolement de la mémoire familiale sont admirablement montrés ce qui fait que l'on peut tous s'y retrouver. Le parcours des harkis nous est décrit dans une logique de l'Histoire implacable et fait de ce roman un témoignage poignant, bien qu'il ne soit pas du tout écrit sur un ton sentimental ni misérabiliste. Et quel souffle! Chapeau!