mardi 26 juin 2018

L'insoumise de la Porte de Flandre

L'insoumise de la Porte de Flandre, Fouad Laroui, Julliard, 144 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Chaque après-midi, Fatima quitte Molenbeek vêtue de noir et d’un hijab, se dirige à pied vers la Porte de Flandre, franchit le canal, se faufile discrètement dans un immeuble et en ressort habillée à l’occidentale, robe légère et cheveux au vent. Puis, toujours en flânant, elle rejoint le quartier malfamé de l’Alhambra où Dieu sait quel démon l’attire… Depuis plusieurs semaines, cet étrange rituel se répète inlassablement. Jusqu’au jour où Fawzi, un voisin inquisiteur et secrètement amoureux, décide de suivre Fatima… Teinté d’un humour féroce, ce nouveau roman de Fouad Laroui décrit les métamorphoses d’une femme bien décidée à se jouer des préceptes comme des étiquettes. Tandis que tous les stigmates et les fantasmes glissent sur son corps, Fatima, elle, n’aspire qu’à une seule chose : la liberté. Marocain de naissance, ingénieur et économiste de formation, professeur de littérature à l’université d’Amsterdam, romancier, poète et critique littéraire, Fouad Laroui a publié entre autres, chez Julliard, Une année chez les Français (2010), L’Étrange Affaire du pantalon de Dassoukine (2012), prix Goncourt de la nouvelle, Les Tribulations du dernier Sijilmassi (2014), Grand Prix Jean-Giono, Ce vain combat que tu livres au monde (2016), et, chez Robert Laffont, De l’islamisme, une réfutation personnelle du totalitarisme religieux. 

Ma cote d'amour: ***** Enthousiaste
Commentaire spontané: Entre humour grinçant et réflexion identitaire, une belle surprise!

dimanche 24 juin 2018

L'archipel du chien

L'Archipel du Chien, Philippe Claudel, Stock, 288 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

« Le dimanche qui suivit, différents signes annoncèrent que  quelque chose allait se produire.
Ce fut déjà et cela dès l’aube une chaleur oppressante, sans  brise aucune. L’air semblait s’être solidifié autour de l’île,  dans une transparence compacte et gélatineuse qui déformait  ça et là l’horizon quand il ne l’effaçait pas : l’île flottait au milieu de nulle part. Le Brau luisait de reflets de  meringue. Les laves noires à nu en haut des vignes et des  vergers frémissaient comme si soudain elles redevenaient  liquides. Les maisons très vite se trouvèrent gorgées d’une haleine éreintante qui épuisa les corps comme les esprits.
On ne pouvait y jouir d’aucune fraîcheur.
Puis il y eut une odeur, presque imperceptible au début, à  propos de laquelle on aurait pu se dire qu’on l’avait rêvée,  ou qu’elle émanait des êtres, de leur peau, de leur bouche,  de leurs vêtements ou de leurs intérieurs. Mais d’heure en  heure l’odeur s’affirma. Elle s’installa d’une façon discrète,  pour tout dire clandestine. »

Ma cote d'amour: ***** Enthousiaste
Commentaire spontané: Attention: page turner! J'ai cependant regretté que l'intrigue nous soit si vite emballée et livrée. Beaucoup de points de société auraient gagné à être approfondis.

Transport

Transport, Yves Flank, éditions de l'Antilope, 136 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Dans un wagon vers l’inéluctable, se croisent les pensées de l’homme brun et de la femme rousse. L’homme brun donne à entendre, à voir, à sentir ce qui s’y passe. La femme rousse revit la passion amoureuse qu’elle chante dans sa tête. Elle appelle son grand amour au secours. 

Extrait du roman

« Mon amour, mon amour, ô mon amour, maintenant je crie en plein visage. Vas-tu pleurer, vas-tu revenir, délaisser tes ombres et me sourire, répondre à cette attente infernale, m’empêcher de sombrer de trop de solitude ?Je voudrais lacérer ton épaule, cracher un venin verdâtre, l’anéantir de mes pensées, souffler sur ma douleur, t’aimer intensément.
Tu entends, tu entends ? »

Ma cote d'amour: ***** Enthousiaste
Commentaire spontané: J'attendais beaucoup de ce livre; je n'ai pas été déçue. Une question cependant m'obsède: pourquoi un roman aussi court alors que l'agonie des protagonistes a duré des jours qui s'apparentaient à des années?

mercredi 20 juin 2018

Le cinquième évangile

Le cinquième évangile, Michel Faber, éditions de l'Olivier, 204 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Theo Griepenkerl est un universitaire sans envergure à l’ego démesuré. Dans les décombres d’un musée à Bagdad, il découvre un trésor inestimable : les mémoires de Malchus, témoin des derniers jours de Jésus. Il ramène secrètement les neuf rouleaux de papyrus au Canada et s’empresse de les traduire. Publié par une obscure maison d’édition, son Cinquième Évangile est un immense succès. Mais Theo est dépassé par le scandale que provoquent les révélations de Malchus…

Drôle, irrévérencieux, palpitant, Le Cinquième Évangile tourne en dérision cette mode des textes anciens, censés révéler au monde « la » vérité. Ce roman à la loufoquerie très british est aussi une satire cinglante des mœurs de l’édition et de la culture de masse.

Ma cote d'amour: ***** J'aime
Commentaire spontané: Une lecture assez divertissante. J'ai regretté que le texte ne soit pas plus fouillé, mais c'est à l'image de ce que dénonce l'auteur: une société où tout produit est vite ingurgité puis remplacé.

Instantanés d'Ambre

Instantanés d'Ambre, Yôko Ogawa, Actes Sud, 304 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Une mère demande à ses enfants d’oublier leur pré­nom. Ils doivent, dit-elle, ne plus jamais le pronon­cer ni même y penser, mais en choisir un autre afin d’échapper au danger qui menace leur vie. Dans une villa ayant appartenu à leur père, au milieu d’un vaste jardin cerné de hauts murs, les trois enfants vont passer un temps infini, enfermés, coupés du monde mais heureux. Leurs nouveaux prénoms sont issus d’une encyclopédie des sciences : des noms de pierres choisis au hasard – prénoms sous le signe desquels ils reconstruisent leur identité.
Arbres immenses, ruisseau ténu et chants d’oiseaux : les saisons passent, les vêtements cousus par leur mère sont trop petits, les ailes de coton et de laine qu’elle a fixées dans leur dos ne les gênent pas. Opale, Ambre et Agate grandissent en harmonie mais la dis­sonance vient de l’extérieur, un colporteur entre dans le jardin.
Un livre majeur, une puissante métaphore de la résilience de l’enfance, cette capacité à préserver l’amour filial en tenant la peur à distance. Ode à l’imaginaire – traversé comme toujours dans l’œuvre d’Ogawa par la présence animale, muséale et musicale –, ce roman se place sous le signe des pierres et tout particulièrement de l’ambre, dans lequel se loge la trace de ce qui n’est plus.

Ma côte d'amour: ***** J'aime
Commentaire spontané: Un peu déçue par cette lecture où je n'ai pas retrouvé la magie des précédents romans.

lundi 4 juin 2018

Des jours d'une stupéfiante clarté

Des jours d'une stupéfiante clarté, Aharon Appelfeld, éditions de l'Olivier, 272 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

Traduit de l’hébreu par Valérie Zenatti
Theo Kornfeld a vingt ans lorsqu’il quitte le camp de concentration que ses gardiens viennent d’abandonner à l’approche des Russes. Il n’a qu’un seul but : retrouver la maison familiale. Errant sur les chemins, blessés au plus profond d’eux-mêmes, les déportés qu’il croise lui rappellent l’horreur à laquelle il a survécu, tandis que d’autres figures émergent de son passé. Celle de sa mère, Yetti, une femme à la beauté exceptionnelle, au caractère fantasque, qui aimait les églises, les monastères et l’œuvre de Bach. Celle de Martin, un père trop discret que Theo va apprendre à mieux connaître.
Des jours d’une stupéfiante clarté raconte son voyage à travers les paysages d’Europe centrale baignés de lumière. Chaque rencontre suscite en lui d’innombrables questions. Comment vivre après la catastrophe ? Comment concilier passé et présent, solitude et solidarité ? Comment retrouver sa part d’humanité ?
Par-delà le fracas de l’Histoire, ce livre admirable est le récit d’une résurrection.

Ma cote d'amour: ***** Bibliothèque idéale
Commentaire spontané: Beaucoup d'émotions traversent ce livre peuplé de mots simples.

Récits de l’éveil du coeur

Récits de l'éveil du coeur, Kamo No Chômei, Le Bruit du Temps, 464 pages

Ce qu'en dit l'éditeur:

En ce XIIIe siècle qui vit une large diffusion du bouddhisme, les écoles dites de la Terre Pure – le Paradis promis par Amida à ceux qui mettraient en lui leur foi – touchèrent toutes les couches de la population et, autant que le zen, modelèrent durablement la sensibilité japonaise.
Dans les Récits de l’éveil du cœur, dont c’est ici la première traduction en Occident, Kamo no Chômei, l’auteur des Notes de ma cabane de moine, propose une galerie de personnages souvent pittoresques, de condition très diverse : ascètes, mais aussi moines ambitieux ou retors, dévots aux pratiques fantasques, mendiants, saltimbanques, femmes énergiques ou blessées par la vie. Des anecdotes comiques alternent avec de belles histoires d’amitié ou d’amour malheureux, des récits de conversion avec la peinture de personnages sombrant dans leurs passions. Au-delà du propos didactique, Chômei se révèle un maître dans l’art de la nouvelle brève..

Ma cote d'amour: ***** J'aime
Commentaire spontané: Distillés jour après jour, ces 106 récits permettent de mieux ressentir l'approche bouddhiste du monde.