samedi 28 décembre 2019

Le château des Carpathes

Jules Verne, Le livre de poche, 256 pages

Présentation de l'éditeur:

Près du village de Werst, en Transylvanie, se dresse le château des Carpathes qui, depuis le départ du dernier représentant de ses seigneurs, Rodolphe de Gortz, est complètement abandonné et fui par tous tant les rumeurs alarmantes et de folles légendes circulent à son sujet. Un jour, une fumée est aperçue au faîte du donjon. Malgré leur peur, le jeune forestier Nic Deck et le docteur Patak partent en reconnaissance et sont victimes de phénomènes surprenants. Peu après ces événements, le comte Franz de Telek qui voyage pour oublier la mort de sa fiancée, la cantatrice Stilla, arrive à Werst. Apprenant que le château des Carpathes appartenait à celui qui l'avait maudit au moment du décès de la Stilla, il décide de s'y rendre... Dans ce roman envoûtant, Jules Verne s'affirme comme un maître de la littérature fantastique.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: J'ai lu ce livre dans le cadre d'un club de lecture. 
Relecture: j'avais déjà lu cette œuvre en 1990, et elle fait partie de ma bibliothèque idéale, aussi je m'y suis replongée avec avidité. Quel style! Quelle habileté à planter le décor! Quelle montée en puissance de l'intrigue! Quels personnages  envoûtants! 30 ans plus tard, tout me plaît toujours autant.

Le pays du lieutenant Schreiber

Andreï Makine, Point 240 pages

Présentation de l'éditeur:

" Je n'aurais jamais imaginé un destin aussi généreusement ouvert sur le sens de la vie. Une existence où se sont incarnés la fidélité et le courage, l'intense volupté d'être et la douleur, la révolte et la sérénité. Un homme qui a vécu à l'encontre de la haine, a aimé au milieu de la pire sauvagerie des guerres. Un soldat qui a su pardonner sans rien oublier. "

A. M.



Andreï Makine, né en Sibérie, a publié de nombreux romans parmi lesquels Le Testament français (prix Goncourt, prix Goncourt des Lycéens, prix Médicis, 1995), La Musique d'une vie, L'Amour humain (2006), Une femme aimée (prix Casanova, 2013). Ses livres sont traduits en plus de quarante langues.


" Un livre d'une vraie sincérité, qui se dévore. "

La Croix

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Encore une bonne pioche que ce roman d'Andreï Makine qui nous plonge dans une certaine idée de la France et se lit comme on savoure un bon plat - oui, même les passages difficiles où il est question de champ de bataille, de sang et de morts; c'est le privilège du style...
Des passages particulièrement frappants sur la notion d'intégration et sur l'antisémitisme d'une époque bien moins hypocrite que la nôtre.

samedi 21 décembre 2019

L'immortel Bartfuss

Aharon Appelfeld, Points, 142 pages

Présentation de l'éditeur:

Bartfuss est immortel. Évadé d'un camp de la mort, il s'est caché dans les forêts voisines puis réfugié sur la côte italienne, avant de s'embarquer pour Israël. Il a survécu, dit-on, avec plus de cinquante balles dans le corps.
Mais aujourd'hui, à cinquante -sept ans, ce roi Lear persécuté par sa famille est incapable de se forger une nouvelle existence. Sa vie ne serait plus que le pâle reflet d'une époque héroïque révolue...
L'auteur d'Histoire d'une vie (Prix Médicis étranger 2004) propose ici une autre vision de la Shoah, dont il a été le témoin : celle de l'anti-héros, rescapé des camps mais curieusement nostalgique d'un passé qui le poursuit et l'empêche de prendre en main son destin.


Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Encore un roman qui bouscule chez Aharon Appelfeld. Cette fois, c'est l'attitude du héros qui heurte quelque peu notre conformisme. Le héros semble très mal entouré, mal assorti à sa famille, affublé d'amis qui n'en sont pas vraiment. Il prend des décisions bizarres. On a envie de lui crier "Bouge, change!" Mais le héros habite une vie en déshérence. Pourquoi? A cause de la Shoah…

jeudi 19 décembre 2019

Les crapauds-brousse

Tierno Monénembo, Points, 192 pages

Présentation de l'éditeur:

L'indépendance de leur pays avait donné aux personnages l'espoir d'un avenir meilleur. C'était sans compter Sâ Matraq, qui les gouverne en despote. Les espoirs de développement et de démocratie ont cédé la place à un régime policier, approvisionné par des contrebandiers.

Né le 21 juillet 1947 en Guinée, Tierno Monénembo s'est exilé en 1969 au Sénégal puis en Côte d'Ivoire avant de gagner la France, en 1973. Docteur ès sciences en biochimie, il est également l'auteur de huit romans, parmi lesquels Les Écailles du ciel (1986), Cinéma (1997), Peuls (2004), et L'Aîné des Orphelins (Points, 2005).


Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️
Commentaire spontané: J'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire, car le style m'a un peu déroutée. Mais une fois en phase avec les personnages et l'ambiance locale, j'ai suivi avec plaisir cette terrible histoire.

mardi 17 décembre 2019

Chronique de la ville de pierre

Ismaïl Kadaré, Folio, 320 pages

Présentation de l'éditeur:

Une chronique épique et fantasmagorique d'une ville albanaise au milieu du vingtième siècle. Une ville bizarre, terriblement penchée. Si l'on glisse sur le côté d'une rue, on risque de se retrouver sur un toit. Si l'on étend le bras, on peut accrocher son chapeau à la pointe d'un minaret. Sous sa dure carapace de pierre se cache pourtant la chair tendre de la vie. Il n'était pas facile d'être un enfant dans cette ville.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: Abandon
Commentaire spontané: Que dire? Pas le bon moment pour lire ce livre (trop de fatigue accumulée, un temps de lecture trop morcelé)… Une trop forte attente due à l'énorme coup de cœur que j'avais eu pour Le général de l'armée morte…  Je n'ai pas accroché, et mon entêtement à poursuivre la lecture n'y a rien changé. Au bout de 100 pages, je n'étais toujours pas rentrée dans l'histoire…

mardi 26 novembre 2019

Inventaire d'inventions (inventées)

Eduardo Berti, collectif Monobloque, éditions la Contre allée, 208 pages

Présentation de l'éditeur:

A quoi pourraient bien ressembler la machine à arrêter le temps, les boucles d’oreilles-réveil, le traducteur chien-humain, le livre infini, l’effaceur de mémoire... ces multiples inventions dont recèle la littérature ? Joueurs inventifs, Eduardo Berti et Monobloque nous en offrent un inventaire aux allures oulipiennes.

On y retrouve le pianocktail de Boris Vian, le Baby HP du mexicain Juan José Arreola – un engin capable de transformer en force motrice l’inépuisable vitalité des enfants – , le GPS sentimental d’Hervé Le Tellier, la Kallocaïne de l’auteure et pacifiste suédoise Karin Boye – un sérum de vérité qui rendrait possible un système policier sans procès ni tribunaux-, la superficine du Russe Sigismund Kryzanowski – sorte de pommade miraculeuse qui s’applique sur les murs et qui a pour effet de rendre les pièces plus spacieuses. Sans oublier la machine à interrompre les prologues, créée spécialement pour l'occasion de cette édition par Enrique Vila Matas.

Quelque part entre le fameux Catalogue des objets introuvables de Carelman et le Dictionnaire des lieux imaginaires de Manguel, se trouve désormais L'inventaire d'inventions (inventées).

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Un recueil farfelu au possible qui chasse la morosité et toutes les tensions mieux qu'un Lexomil, je dis OUI!

dimanche 24 novembre 2019

Cher lecteur

Georges Picard, éditions Corti, 192 pages

Présentation de l'éditeur:

Dans «Cher lecteur», Georges Picard rend un vibrant hommage à deux de ses passions : passion de lire et passion d’écrire. Certaines des plus belles journées de son existence, passées à lire, à rêver, à méditer, il les doit à d’innombrables écrivains, célèbres ou peu connus, dont quelques auteurs réputés « confidentiels » qui ont, plus que d’autres, su faire vibrer leur vie dans leurs livres : Benjamin Fondane, Georges Perros, Jean-Claude Pirotte... «Tandis que nous vieillissons, le temps se resserre autour des vraies nécessités. Je ressens le besoin d’aller au cœur des choses, d’arracher à la vie ce qu’elle m’a caché jusqu’à présent, afin d’en savoir un peu plus sur son infinie complexité. Ce que l’expérience vécue m’a refusé, certains livres peuvent me l’offrir, et c’est pourquoi j’ouvre généralement un nouveau volume prometteur dans un état d’attente et d’espérance qui n’aspire qu’à être comblé.»

Auteur d’une vingtaine d’ouvrages, Georges Picard a trouvé dans l’écriture un pur plaisir d’imaginer et de penser qu’il sait admirablement faire partager à ses lecteurs.

Sur des thèmes voisins, il a publié Tout le monde devrait écrire (2006) et Penser comme on veut (2013).

La touche Picard, c’est ce surcroît de fantaisie et de profondeur (si l’on entend par profondeur cette persévérance à imaginer derrière toute chose quelque chose de plus fondamental).

François Busnel | L’Express.


Vous ne lâcherez plus «Cher Lecteur». C’est une merveille. Sur le ton de la confidence, dans une prose souple dont il veut qu’elle restitue le timbre de sa voix, au fil de digressions que Montaigne appelait des «sauts et gambades», Georges Picard exprime sa gratitude aux livres, qui ont rendu sa vie plus belle, plus vaste, plus enfantine.
Jérôme Garcin | Le Nouvel Observateur


Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: George Picard déclare sa flamme aux auteurs et aux livres qui ont fait battre son cœur depuis sa tendre enfance, démontre l'importance de la lecture sur un individu donné, et digresse sur ce que l'on appelle un bon livre, sur l'adéquation entre le livre et son lecteur, sur le moment idéal de la rencontre, bref sur tous ces événements inhérents à la vie de lecteur - et aussi d'écrivain. Un texte érudit où j'avoue avoir récolté de nouvelles idées de lecture ainsi qu'une furieuse envie de me plonger dans l'œuvre de Proust, que je n'ai jamais lue.
J'ai souligné et annoté avec enthousiasme tellement de passages remarquables qu'il me serait impossible de tous les lister.
Un petit extrait quand même, page 130:
Des lecteurs s'étonnent parfois qu'un écrivain ne dise pas simplement et clairement ce qu'il a à dire. C'est que l'expression la plus directe n'est pas toujours celle qui préserve le mieux la complexité des choses. Le réel est fuyant, contradictoire, la vie peu compréhensible, un véritable pot au noir. Dans toute idée se cache un nid remuant de pensées. L'écriture doit s'efforcer de donner une équivalence vivante et intuitive du réel et non d'en fournir quelque plat condensé.

jeudi 21 novembre 2019

Le Ghetto intérieur

Santiago H. Amigorena, P.O.L, 192 pages

Résumé:

«Vicente Rosenberg est arrivé en Argentine en 1928. Il a rencontré Rosita Szapire cinq ans plus tard. Vicente et Rosita se sont aimés et ils ont eu trois enfants. Mais lorsque Vicente a su que sa mère allait mourir dans le ghetto de Varsovie, il a décidé de se taire. Ce roman raconte l'histoire de ce silence - qui est devenu le mien.»

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Un texte sobre sur un thème bien sombre: le drame intérieur. Quelques belles envolées, dures et puissantes, sur l'identité juive (notamment dans les pages 76-77-78) et sur la culpabilité (pages 181-182, avec l'imagination féconde de celui qui n'y était pas, et qui s'imagine le drame de ses proches sous le joug nazi).

lundi 11 novembre 2019

Terminus Berlin

Edgar Hilsenrath, Le Tripode Attila, 222pages

Présentation:

" Quand on écrit quelque chose pour se débarrasser l'âme, on en est définitivement libéré. L'écriture est une libération pour moi. " Edgar Hilsenrath
Écrivain de la Shoah et de l'exil, Edgar Hilsenrath livre avec Terminus Berlin son roman le plus poignant, celui du retour désenchanté en Allemagne. Son héros retrouve, comme lui, le pays natal près de trente ans après avoir quitté l'Europe et ses fantômes. Le temps est venu de faire le bilan d'une vie tourmentée.

Fidèle à son humour, Hilsenrath raconte avec un sens aigu de la dérision le destin de son alter ego littéraire. Lesche, traumatisé par son expérience du ghetto, peine à trouver sa place dans un Berlin marqué par le consumérisme et la chute du Mur. Les rencontres improbables et la résurgence glauque du fascisme forment la trame de ce roman publié en Allemagne en 2006.

Lapidaire et ironique, ce texte émeut par la figure de clown triste que l'auteur y révèle. Après l'avoir écrit, Edgar Hilsenrath décida que son œuvre était close. Il n'a plus rien publié depuis.


Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Cet ultime livre d'Edgar Hilsenrath est excellent: un style épuré qui ne s'intéresse qu'aux faits offre au lecteur une analyse clinique du néonazisme allemand. Au fil des rencontres de son héros, Edgar Hilsenrath fait témoigner des survivants de la Shoah. Tous décrivent l'horreur en quelques phrases lapidaires, ce qui provoque un effroi supplémentaire. Dans cette histoire, passé et présent ont pour point commun la langue allemande, indispensable au héros non seulement pour écrire, mais aussi pour vivre (page 155, il le dit lui-même: "Ecrire, c'est vivre").
Mais le héros aura beau faire, il est englué dans l'Histoire, et son destin semble scellé:
Page 116: "Je suis un écrivain allemand et j'ai besoin de la langue allemande. Je ne suis pas revenu pour retrouver les Allemands, mais ma patrie linguistique."
Page 184: "Je ne m'occupe pas trop de religion, dit Lesche. J'appartiens au peuple juif par la destinée commune, le passé commun, l'holocauste.
- Tu ne peux pas te libérer de l'holocauste, dit-elle.
- Je n'en serai jamais libéré, dit Lesche."

dimanche 3 novembre 2019

Francis Rissin

Martin Mongin, Tusitala, 616 pages

Présentation de l'éditeur:

De mystérieuses affiches bleues apparaissent dans les villes de France, seulement ornées d’un nom en capitales blanches : FRANCIS RISSIN. Qui est-il ? Comment ces affiches sont-elles arrivées là ? La presse s’interroge, la police enquête, la population s’emballe. Et si Francis Rissin s’apprêtait à prendre le pouvoir, et à devenir le Président qui sauvera la France ?

Pour son premier roman, Martin Mongin signe un livre vertigineux. Un roman composé de onze récits enlevés, onze voix qui lorgnent tour à tour vers le roman policier, le fantastique, le journal intime ou encore le thriller politique, au fil d’une enquête paranoïaque sur l’insaisissable Francis Rissin. Avec une maîtrise rare, Martin Mongin tisse sa toile comme un piège qui se referme sur le lecteur, au cœur de cette zone floue où réalité et fiction s’entremêlent.

Autant marqué par l’art de Lovecraft, de Borges ou de Bolaño que par la pensée de La Boétie ou d’Alain Badiou, Francis Rissin est un premier roman inventif et inattendu, au propos profondément politique.
Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Chaque année, j'attends avec impatience le grand livre qui sublimera mon année littéraire, celui qui me laissera un souvenir exalté pour le restant de mes jours. L'année n'est pas finie, certes, mais il semblerait bien qu'en 2019, ce soit Francis Rissin qui remporte la palme. (Est-il besoin de préciser que de facto, il rentre directement dans ma bibliothèque idéale?)
J'ai lu des tas d'excellents romans en 2019, notamment Dans les bagnes du tsar ou Mémorial, mais il s'agissait pour l'un d'un classique yiddish et pour l'autre d'une sortie en poche. Dans le cas de Francis Rissin, nous avons affaire à un premier roman tout frais, une œuvre colossale, multiforme, pluridisciplinaire, polyphonique. C'est bien simple, ces 600 pages renferment plusieurs romans en un seul. Tous parlent de Francis Rissin, mais en fin de compte, il ne suffit pas d'épiloguer sur le bonhomme pour le cerner. Le personnage a-t-il seulement jamais existé? A vous de voir.
La construction, le propos, le style sont brillantissimes. Je n'ose même pas imaginer le courage, l'acharnement et l'abnégation de l'auteur pour écrire un tel texte. On continuerait volontiers à tourner des pages s'il y en avait d'autres à tourner. Addictif! Eblouissant! Bravo, Monsieur Martin Mongin!

mardi 29 octobre 2019

Le Grand Dieu Pan

Arthur Machen, Terre de Brume, 144 pages

Résumé:

Deux récits fantastiques écrits dans les années 1890 mettant en scène un scientifique jouant avec la matière, des personnages bouleversés par la vision du dieu Pan, une jeune femme maléfique ou encore des hommes heureux se suicidant sans raison apparente.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Un bonheur de retrouver ce style, après un an quasi non stop de lectures contemporaines, et ce genre, que j'ai beaucoup lu fut un temps.

dimanche 27 octobre 2019

Les amazones

Jim Fergus, Cherche Midi, 374 pages

Présentation de l'éditeur:

Mille femmes blanches : L'héritage
1875. Un chef cheyenne propose au président Grant d'échanger mille chevaux contre mille femmes blanches, afin de les marier à ses guerriers. Celles-ci, " recrutées " de force dans les pénitenciers et les asiles du pays, intègrent peu à peu le mode de vie des Indiens, au moment où commencent les grands massacres des tribus.

1876. Après la bataille de Little Big Horn, quelques survivantes décident de prendre les armes contre cette prétendue " civilisation " qui vole aux Indiens leurs terres, leur mode de vie, leur culture et leur histoire. Cette tribu fantôme de femmes rebelles va bientôt passer dans la clandestinité pour livrer une bataille implacable, qui se poursuivra de génération en génération.

Dans cet ultime volume de la trilogie Mille femmes blanches, Jim Fergus mêle avec une rare maestria la lutte des femmes et des Indiens face à l'oppression, depuis la fin du xixe siècle jusqu'à aujourd'hui. Avec un sens toujours aussi fabuleux de l'épopée romanesque, il dresse des portraits de femmes aussi fortes qu'inoubliables.


Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Je ne pouvais pas passer à côté de ce dernier opus, moi pour qui Mille femmes blanches compte parmi la soixantaine de livres de ma bibliothèque idéale.
On retrouve dans ce volet final l'engagement humaniste de l'auteur. C'est évidemment un livre très féministe puisque les femmes prennent leur destin en main en s'associant pour leur défense. La sauvegarde de l'environnement apparaît en toile de fond, car Jim Fergus décrit à plusieurs reprises les ravages de la colonisation de l'homme blanc en Amérique.
J'ai particulièrement aimé le passage où, arrivé dans une vallée oubliée du monde, le groupe de May Dodd va pactiser avec les Shoshones (à partir de la page 256). C'est un moment d'harmonie parfaite entre les peuples, un intermède quasi christique.

dimanche 20 octobre 2019

Sauveur & fils, saison 5

Marie-Aude Murail, L'école des loisirs, 320 pages

Présentation de l'éditeur:

« Chacun de nos actes a trois motivations, celle qu’on avoue aux autres, celle qu’on n’avoue qu’à soi, celle qu’on ne s’avoue même pas. » Marie-Aude Murail, dans cette saison 5, va nous le prouver ! Deux années ont passé depuis la saison 4, et pendant ce temps, que sont devenus Blandine et Margaux Carré, Samuel Cahen, Lionel et Maïlys, Ella-Elliot, Frédérique Jovanovic ? Et la famille recomposée de Sauveur ? Et puis, comme à chaque saison, de nouveaux personnages vont faire leur entrée, Louane et ses animaux de soutien émotionnel, Madame Tapin qui, à 81 ans découvre le féminisme… Une nouvelle fois, le cabinet de consultation de monsieur Saint-Yves nous ouvre ses portes.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Une saison à la hauteur des précédentes. Vivement la 6ème !

lundi 14 octobre 2019

Le troisième mensonge

Agota Kristof, Points, 192 pages

Présentation de l'éditeur:

De l'autre côté de la frontière, la guerre est finie, la dictature est tombée. Pour vivre, pour survivre, il a fallu mentir pendant toutes ces années. Klaus et Claus T. découvrent à leurs dépens que la liberté retrouvée n'est pas synonyme de vérité. Et si leur existence était en elle-même un mensonge ?

Ainsi s'achève la trilogie inaugurée avec Le Grand Cahier, et traduite aujourd'hui dans une vingtaine de pays.

J'ai lu ce livre dans le cadre d'un club de lecture.
Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Effectivement, en rester au tome 1 aurait été une grave erreur. Toute la saveur de cette œuvre étrange tient dans le dernier tome. Bizarrement, ces vies en puzzle construites, déconstruites et finalement reconstruites autrement m'ont fait penser à La séparation de Christopher Priest, roman de science-fiction. Une troisième expérience de lecture assez renversante !

dimanche 13 octobre 2019

La preuve

Agota Kristof, Points, 192 pages

Présentation de l'éditeur:


Au-delà de la fable, on se livre ici à l'exploration impitoyable d'une mémoire si longtemps divisée, à l'image de l'Europe. A travers le destin séparé de Lucas et de Claus, les jumeaux du Grand Cahier, Agota Kristof nous révèle que, dans l'univers totalitaire, générosité et solidarité sont parfois plus meurtrières que le crime.

J'ai lu ce livre dans le cadre d'un club de lecture.
Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaires spontanée: 
Dans ce deuxième opus, on retrouve l'écriture minimaliste du Grand Cahier. L'absence d'émotions, d'empathie rend le récit toujours aussi glaçant, bien que l'auteure y décrive une vie parsemée d'actes généreux. La fin est extrêmement perturbante et me laisse à penser que ce que j'ai lu jusqu'ici n'est peut-être pas le reflet de la réalité. Inutile de dire que je vais enchaîner directement avec de troisième tome!

vendredi 11 octobre 2019

Propriété privée

Julia Deck, Les éditions de Minuit, 176 pages

Présentation de l'éditeur:

Il était temps de devenir propriétaires. Soucieux de notre empreinte environnementale, nous voulions une construction peu énergivore, bâtie en beaux matériaux durables. Aux confins de la ville se tramaient des écoquartiers. Notre choix s'est porté sur une petite commune en pleine essor. Nous étions sûrs de réaliser un bon investissement. Plusieurs mois avant de déménager, nous avons mesuré nos meubles, découpé des bouts de papier pour les représenter à l'échelle. Sur la table de la cuisine, nous déroulions les plans des architectes, et nous jouions à déplacer la bibliothèque, le canapé, à la recherche des emplacements les plus astucieux. Nous étions impatients de vivre enfin chez nous. Et peut -être aurions-nous réalisé notre rêve si, une semaine après notre installation, les Lecoq n'avaient emménagé de l'autre côté du mur mitoyen.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Qui n'a pas eu envie à un moment ou à un autre d'acheter une petite maison dans un coin tranquille? De ce fait, l'histoire nous parle, car s'il est facile de se projeter dans une maison, il est impossible de prédire quelles seront nos relations de voisinage. Dans le cas de la narratrice, on se dit qu'on n'aimerait pas être à sa place. L'histoire se lit d'une traite, car au fil des pages, elle prend un tournant inattendu. (Un indice: la police débarque, quelqu'un va en prison…) J'ai passé un très agréable moment de lecture.

mardi 8 octobre 2019

Secret de Polichinelle

Yonatan Sagiv, éditions de l'Antilope, 480 pages

Présentation de l'éditeur:

Smadar Tamir, l’une des femmes d’affaires les plus riches d’Israël, s’est jetée par la fenêtre d’un hôpital de Tel-Aviv. Sa soeur, Mira, ne croit pas à la thèse du suicide et fait appel au détective privé, Oded Héfer. Homosexuel, parlant de lui au féminin, il vient de s’improviser détective pour gagner sa vie.
Oded Héfer n’a que cinq jours pour mener l’enquête. Aussi débutant soit-il, il n’hésite pas à affronter les magnats israéliens, armé de son intelligence et d’un tantinet d’espièglerie. Cela lui sera nécessaire pour supporter les propos macho et homophobes du commissaire de police. Sans l’empêcher de continuer à rechercher le grand amour sur les sites de rencontres gay.
Roman fin et divertissant, souvent drôle, Secret de Polichinelle joue avec les codes du roman policier tout en plongeant le lecteur dans la société de Tel-Aviv et de ses magnats des affaires, peu traités jusque-là en littérature.
Secret de Polichinelle est le premier d’une série où l’on retrouvera le détective privé Oded Héfer.

Extrait du roman


Cet endroit est parfait pour la rencontre cinématographique entre un flic et un détective privé qui en a trop vu dans sa vie. Bienvenue au bar hétéro de la camarilla repue de Tel-Aviv, planque merveilleuse pour le commissaire Yaron Malka, homo enkysté dans son placard qui, dans sa trentaine, se dissimule encore sous une mince pellicule de virilité macho.


Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️
Commentaire spontané: J'ai dévoré ce livre pendant le weekend - oui, oui, 480 pages en deux jours, ce qui est très bon signe. Je lis très peu de romans policiers, mais étant fan de Dror Mishani et de son inspecteur Avraham Avraham, j'étais curieuse de découvrir ce nouveau venu.
On se laisse facilement embarquer par l'histoire et par ce détective en herbe à qui l'on a souvent envie de tirer l'oreille (tu ne devrais pas faire le tour des bijoutiers au lieu de traîner au lit?!). Il débute, tâtonne, suit des pistes ou son instinct, ce qui, au passage, nous vaut d'intéressants polaroïds de la société israélienne en général et de Tel Aviv en particulier. De nombreux rebondissements, pas un seul temps mort - mais quand même plusieurs cadavres! -, bref, on passe un bon moment avec un personnage pour le moins atypique qui parle de lui au féminin. Je lirai la prochaine enquête d'Oded Héfer avec plaisir.

lundi 30 septembre 2019

Le fossé

Herman Koch, Belfond, 312 pages

Présentation de l'éditeur:
Dans la veine du Dîner, une comédie noire au suspense redoutable où il est question – entre autres – des affres de la vie conjugale, de la disparition d'un chat, de préjugés racistes, d'un François Hollande en goguette, de la finitude de l'univers, de tri des déchets... le tout sur fond de satire sociale acerbe.
Maire d'Amsterdam, aimé du petit personnel et respecté des puissants de ce monde, époux comblé, heureux père d'une adolescente, Robert peut savourer pleinement le sentiment d'une vie accomplie.

Jusqu'au jour où, lors d'une soirée officielle, il aperçoit sa femme, Sylvia, rire à gorge déployée avec son adjoint à la mairie, le pourtant très insignifiant Maarten Van Hoogstraten. Tiens, il ne les savait pas si proches. Complices, même. Et si... Non, son imagination lui joue des tours. D'ailleurs, Sylvia se comporte de manière on ne peut plus normale ces derniers temps. On pourrait même dire qu'elle n'a jamais été aussi normale. Mais justement, ne devrait-il pas s'en inquiéter ?

Et voilà, le doute s'installe, le fossé se creuse. Et tandis que ses parents, un couple de nonagénaires énergiques, lui annoncent leur décision de mettre fin à leurs jours, c'est tout son équilibre – et sa belle assurance – qui menacent de voler en éclats.



Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Herman Koch a encore frappé! Ce nouveau livre est caustique à souhait. On rit - jaune. Tout le monde en prend pour son grade (les politiques, les végans, les grands blonds, les petits bruns, etc.). Ce qui me plaît particulièrement chez cet auteur, c'est qu'il manie avec aisance l'ironie et qu'il est capable de nous emmener dans des considérations de haut vol à partir d'une anecdote futile. J'étais fort triste en tournant la dernière page que l'histoire soit déjà terminée!

De pierre et d'os

Bérengère Cournut, Le Tripode, 220 pages

Présentation de l'éditeur:

« Les Inuit sont un peuple de chasseurs nomades se déployant dans l'Arctique depuis un millier d'années. Jusqu'à très récemment, ils n'avaient d'autres ressources à leur survie que les animaux qu'ils chassaient, les pierres laissées libres par la terre gelée, les plantes et les baies poussant au soleil de minuit. Ils partagent leur territoire immense avec nombre d'animaux plus ou moins migrateurs, mais aussi avec les esprits et les éléments. L'eau sous toutes ses formes est leur univers constant, le vent entre dans leurs oreilles et ressort de leurs gorges en souffles rauques. Pour toutes les occasions, ils ont des chants, qu'accompagne parfois le battement des tambours chamaniques. » (note liminaire du roman) Dans ce monde des confins, une nuit, une fracture de la banquise sépare une jeune femme inuit de sa famille. Uqsuralik se voit livrée à elle-même, plongée dans la pénombre et le froid polaire. Elle n'a d'autre solution pour survivre que d'avancer, trouver un refuge. Commence ainsi pour elle, dans des conditions extrêmes, le chemin d'une quête qui, au-delà des vastitudes de l'espace arctique, va lui révéler son monde intérieur. Deux ans après son roman Née contente à Oraibi, qui nous faisait découvrir la culture des indiens hopis, Bérengère Cournut poursuit sa recherche d'une vision alternative du monde avec un roman qui nous amène cette fois-ci dans le monde inuit. Empreint à la fois de douceur, d'écologie et de spiritualité, De pierre et d'os nous plonge dans le destin solaire d'une jeune femme eskimo. Édition augmentée d'un cahier de photographies.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️❤️
Commentaire spontané: Cette histoire atypique et intemporelle nous plonge dans l'âme inuite. Merci, Bérengère Cournut, d'avoir su tirer un si bon profit de votre résidence d'écriture au sein des bibliothèques du Muséum National d'Histoire Naturelle. Avec ce livre, on fait un voyage profondément humain, entre failles et grandeurs au beau milieu d'une nature prépondérante.
Mention spéciale pour la couverture, que je trouve admirable et remarquablement adaptée à l'atmosphère du texte.