Lucie ou la vocation, par Maëlle Guillaud, éditions Héloïse d'Ormesson, 199 pages
Lucie est amoureuse. Éperdument. Mais pour imposer celui qu’elle a choisi, elle va devoir se battre. Ne pas céder face aux larmes de sa mère, à l'incompréhension de sa grand-mère, et à la colère de Juliette, sa meilleure amie. Malgré les humiliations quotidiennes, les renoncements, l'isolement et l’ascèse. Elle résiste et rêve d'absolu. Un jour pourtant, le sacrifice qu'elle a durement payé est violemment ébranlé par la découverte d’un secret. S'est-elle fourvoyée ou est-elle victime d’une manipulation?
Avec une sensibilité et une justesse infinie, L. ou la vocation nous entraîne dans les coulisses d'un monde fermé, soumis aux règles impénétrables d’une congrégation vouée au divin. Subtilement le roman dévoile ce processus d’abnégation jusqu’à ce que le doute s’immisce. Une histoire en étroite résonance avec nos problématiques sociétales, et qui permet peut-être de saisir avec plus d'acuité la violence que le sacrifice impose et surtout sa puissance à tout exiger de vous. Née en 1974, Maëlle Guillaud est éditrice. L. ou la vocation est son premier roman.
La première page, sur le site de l'éditeur:
La ville pullule de touristes aux tenues criardes et au regard de bête traquée. C’est à ça qu’on
les reconnaît, à cette étrange crainte qui les habite, loin de leurs bases, se dit Lucie. La jeune femme
gravit les marches d’un pas léger. Elle emprunte la ruelle qui contourne la basilique. Au bout, une grille
s’ouvre sur une cour pavée nimbée de lumière.
Depuis plusieurs mois, elle vient ici en secret avec Mathilde. Son amie est différente des autres élèves
de la khâgne. Elle a tout vu, tout vécu, même la rue. Et à dix-neuf ans à peine, elle a étudié la théologie.
Mathilde se glisse dans d’autres sphères, quand Lucie cherche encore quel sens donner à sa vie. Longtemps,
elle a rêvé de passion fusionnelle et de brillante carrière, comme celle de son père. Depuis peu, elle n’a que
des doutes.
Lucie pousse la porte. Ici, elle est à l’abri du bruit et de la poussière de la rue. Ici, l’amour l’enivre,
même si elle ignore les effets de l’ivresse. Elle est portée par une force plus grande qu’elle, douce et enveloppante.
Quand elle en a parlé à Mathilde, cette dernière a souri. Il suffit, d’après Mathilde, d’accepter
que cette vague d’amour vous submerge.
Lucie aperçoit son amie, les cheveux bruns tirés en queue-de-cheval serrée, qui est assise un peu plus
loin. Elle la rejoint et lui serre discrètement le bras en saluant d’un sourire les femmes qui l’entourent.
Toutes ferment les yeux. Autour d’elle, tout n’est qu’amour. À cet instant, elle est sereine.
Ma cote d'amour: ***** J'aime
En un mot pour une amie: glaçant/grinçant
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