dimanche 7 mars 2021

Taches de naissance

 

Arnon Grunberg, éditions Héloïse d'Ormesson, 448 pages


Résumé:

La maladie est une réponse que l'on invente à une souffrance

Divorcé et sans enfant, Kadoke est psychiatre, spécialisé dans la prévention des suicides. Quand il n'est pas à l'hôpital, il veille sur sa mère grabataire avec une dévotion absolue. En un mot, son quotidien est une variation sur la mort. Un soir, Kadoke commet la fâcheuse erreur de coucher avec l'auxiliaire de vie népalaise de sa mère. Il doit la remplacer d'urgence. C'est alors qu'il propose à une patiente multirécidiviste une thérapie alternative d'un genre particulier…

As de l'intrigue loufoque, Arnon Grunberg signe un roman troublant sur les mécanismes de la psyché et soulève des questions essentielles d'une plume chirurgicale et distancée. Peut-on aimer sans asservir ? Dans quelle mesure est-on responsable de son destin ? Mélancolique et personnel, Taches de naissance est aussi un cri du cœur à la mère perdue, ressuscitée à travers ces lignes.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: ❤️❤️❤️

Commentaire spontané: 

C'est toujours un bonheur de se plonger dans un roman d'Arnon Grunberg. Cet auteur nous décline sa complainte favorite : comment vivre? Dans son dernier roman, la question de l'identité juive est sous-jacente. Mais à un moment avancé du récit, le héros en vient quand même à se dire que ses parents n'auraient pas dû survivre aux camps et que lui-même n'aurait pas dû voir le jour. Voilà qui n'est pas rien ! Ajouter à cela la crise identitaire que traverse son père, reconverti en sa mère depuis le décès de cette dernière. Un peu comme si la mort devait être effacée. Comme si un traumatisme de longue date n'était pas résolu… Bref, Arnon Grunberg nous livre un roman encore très psychanalytique (le héros est un psy soit dit en passant), une histoire à tiroirs où chacun selon sa sensibilité et son intimité avec le monde juif découvrira de petits trésors.

L'un des miens, page 292:

"Nous ne vivons pas parce que la vie est vivable. Nous vivons malgré le soupçon qu'elle ne l'est pas."

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