mercredi 2 juin 2021

La Demoiselle à cœur ouvert

 

Lise Charles, P.O.L, 352 pages

Présentation:

« Horreur ! Erreur ! N’ouvrez surtout pas le message précédent ! J’ai fait une fausse manœuvre, il ne vous est pas destiné. Mais je sais que je peux compter sur votre discrétion. »



Octave Milton, un écrivain de 44 ans pensionnaire à la Villa Médicis, utilise son talent, sa notoriété et son goût de l’indiscrétion pour attirer ses connaissances comme ses correspondantes, détourner leurs confessions, leurs frustrations, leurs secrets, et les recycler dans son œuvre. Sera-t-il puni ou sauvé ? Est-il un voleur, un pervers, un manipulateur, ou simplement un auteur en manque d’inspiration ? Ou bien peut-on soutenir, comme le fait son amie et éditrice occulte Livia Colangeli, que toute fiction implique un vol ? Le journal pillé d’une adolescente (cette demoiselle à cœur ouvert) apportera une terrible réponse.


Ce troisième roman de Lise Charles est un roman épistolaire contemporain, autrement dit par mails, qui s’inspire avec délices des Liaisons dangereuses, mêlant aux problèmes du désir, de l’amour, de la jalousie, celui de la création. Elle s’inspire directement de son propre séjour comme pensionnaire à la Villa Médicis en 2018, et joue à de fausses mises en abîme avec les situations, les rôles. Les résonances de plusieurs types de textes à l’intérieur du livre (mails, journal, nouvelle, article universitaire…) créent une épaisseur de réalité en même temps qu’un jeu de miroir profond, et souvent drôle. Cette construction ludique, la fiction de documents réalistes comme le journal bouleversant d’une jeune adolescente, et le goût de la manipulation du héros, vont pourtant entraîner le lecteur jusqu’à un dénouement tragique.
Les jeux du désir et de la création ont rendez-vous avec l’innocence et la mort.

Combien ce livre a fait battre mon cœur: 💗💗💗

Commentaire spontané:

Etonnant résume le mieux mon impression sur ce livre qui décrit sans fard certains travers du monde littéraire. L'histoire nous questionne sur ce qu'est véritablement la création, sur les mécanismes qui entrent en jeu, sur les artifices dont les auteurs usent pour accoucher d'une œuvre. J'avoue avoir eu un coup de mou au milieu du livre et puis il y a eu le journal intime de Louise et enfin le grand final. A partir des réflexions enfantines de Louise, je ne pouvais plus m'empêcher de tourner les pages. C'était fascinant.

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